Dans « Zone Interdite » sur M6, une enquête percutante sur les Ehpad et l’aide à domicile

EHPAD - Un an après le scandale Orpea déclenché par le livre Les Fossoyeurs de Victor Castanet, la situation a-t-elle changé dans les Ehpad ? Pas du tout à en croire ce nouveau numéro de Zone Interdite, présenté par Ophélie Meunier et diffusé ce dimanche 29 janvier à 21h10 sur M6, qui s’intitule « Comment prendre soin de nos aînés ? Scandales et défis de la dépendance ».

« Tout le secteur porte le poids d’une omerta. Malgré les scandales, malgré le livre, la parole peine à sortir », assurent au HuffPost les journalistes Laure Herpeux et Clémentine Caillon de Giraf Prod à l’origine de cette enquête poignante et percutante qui met la lumière sur la trop mauvaise prise en charge de nos aînés, en Ehpad comme à domicile.

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Tourné pendant un an, et particulièrement après les annonces du nouveau directeur d’Orpea Laurent Guyot qui martelait à l’envi que tout allait « changer », le magazine suit plus particulièrement la vie de deux personnes âgées :

  • Jean, un homme de 92 ans placé dans un Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) du réseau Orpea dans les Alpes-Maritimes ;

  • Alice qui, aidée par sa fille et sa petite fille, a quant à elle fait appel à une société d’aide à domicile pour vieillir chez elle en Nouvelle-Aquitaine.

Sauf que le quotidien de Jean et Alice - parmi le million et demi de personnes âgées dépendantes que compte la France - est loin d’être rose. Un extrait exclusif du magazine est à voir en tête de cet article.

Des images difficiles

Malgré près de 4000 euros déboursés par mois pour être pris en charge, Jean souffre d’une dénutrition sévère. Il s’est refermé sur lui-même, ne communique plus et multiplie les « chutes » et les blessures. Alors sa fille Catherine et sa petite-fille Caroline acceptent que M6 place dans la chambre du nonagénaire une caméra cachée pendant quatre jours.

Les images font froid dans le dos : Jean est nourri en moins de 4 minutes, mis au lit en plein milieu de l’après-midi et passe jusqu’à 19 heures allongé quasi dans le noir. Sans parler des soins, faits brusquement, parfois même alors qu’une soignante poursuit une conversation téléphonique avec son petit-ami sans prêter aucune considération au vieil homme.

« Pendant un an, on s’est demandé ce que mon père a subi. Était-ce vraiment des chutes ou non ? Alors cette caméra cachée, c’était la seule solution pour savoir ce qu’il se passait quand on n’était pas là », explique Catherine au HuffPost. Et malgré la difficulté de visionner ces images, elle est convaincue de « l’utilité publique » de montrer que ces maltraitances existent.

Si l’aide à domicile est présentée comme une alternative aux manques de moyens et aux dysfonctionnements dans les Ehpad par le président Emmanuel Macron lui-même, le quotidien d’Alice est tout aussi compliqué. Certains mois, la retraitée a à faire à plus de quinze employés différents, autant pour le ménage que pour des soins bien plus intimes. « Ce sont des sujets extrêmement intimes à filmer », confirme d’ailleurs Émilie, la petite-fille d’Alice. « Mais ça vaut le coup, parce que j’espère que ceux qui visionnent pourront réaliser les dangers qu’il peut y avoir. »

« Tout le monde souffre »

Pour son reportage, l’une des journalistes se fait également embaucher comme auxiliaire de vie par Domidom, l’un des acteurs du marché qui se trouve être la branche « à domicile » d’Orpea. Et ses quelques jours d’immersion lèvent le voile sur des vols d’heures et du détournement d’argent public, mais aussi de la solitude des auxiliaires de vie confrontés à des situations très compliquées et l’isolement des personnes âgées. « Tout le monde souffre, tant les aînés que le personnel soignant », résume-t-elle.

« C’est un documentaire de nécessité publique », souffle la présentatrice Ophélie Meunier. « Mais c’est à force de répéter les choses qu’il y aura une prise de conscience j’en suis convaincue ».

Le magazine s’achève sur deux exemples plus réussis de la prise en charge de nos aînés : dans une maison ouverte par une infirmière libérale aux airs de « colocation » pour personnes âgées à 1600 euros par mois, et dans une famille d’accueil pour personnes âgées au cadre « bien plus personnalisé et donc plus humain », assure Ophélie Meunier. De quoi esquisser un peu d’espoir à tous les Français, qui un jour se poseront tous la question de savoir « comment allons-nous vieillir ? ».

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