Zelensky Grand’Croix de la Légion d'honneur: pourquoi cette distinction est rare et symbolique

Un geste fort, qui scelle un peu plus l'amitié entre Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky. Reçu mercredi soir à l'Élysée en marge de sa visite européenne surprise, le dirigeant ukrainien a été élevé à la dignité de Grand’Croix de la Légion d'honneur par le président français.

"Hommage à l’Ukraine et à son peuple. Hommage à toi, cher Volodymyr, pour ton courage et ton engagement", a écrit Emmanuel Macron sur Twitter, dans un message accompagné d'une vidéo de la décoration.

75 titulaires uniquement

Signe de l'honneur qui a été fait à Volodymyr Zelensky mercredi soir, cette dignité, créée en 1805 sous Napoléon 1er et qui est la plus élevée de l'ordre de la Légion d'honneur, n'est que très rarement attribuée. Depuis le début du XVIIIe siècle, seules 3000 personnalités en ont été décorées, dont 1800 étrangers.

Cette rareté découle d'une règle, contenue dans le Code de la Légion d'honneur, qui indique que le nombre de personnalités en vie décorées de la Grand'Croix ne peut être, simultanément, que de 75. De fait, les nouveaux prétendants doivent attendre la disparition d'une personnalité déjà décorée afin d'atteindre ce stade à leur tour.

En ce qui concerne son attribution aux personnalités étrangères, la chancellerie de la Légion d'honneur rappelle auprès de BFMTV.com qu'il existe deux parcours distincts. Un premier qui "permet de distinguer des personnes pour les services qu'ils rendent à la France" dans différents modèles.

Autre voie - celle utilisée pour Volodymyr Zelensky - une attribution "à titre diplomatique" pour les dirigeants en visites officielles. Dans ce cas-là, "le président de la République en tant que grand-maître de la Légion d'honneur décide seul en informant préalablement le grand chancelier", nous indique-t-on.

Une distinction qui peut être retirée

La liste des dirigeants étrangers décorés de la distinction de Grand'Croix est longue. Parmi les derniers en date, la Chancelière allemande Angela Merkel et le président de la République italienne Sergio Mattarella, tous deux élevés courant 2021.

Au fil des remous de l'Histoire, certaines distinctions posent désormais question. En ligne, les pétitions se multiplient afin que l'ordre de Grand'Croix soit retiré au président russe Vladimir Poutine en raison de la guerre menée en Ukraine. Il avait été décoré en 2006 par Jacques Chirac lors d'une visite officielle.

Auprès de BFMTV.com, la chancellerie de la Légion d'honneur rappelle que "le code de la Légion d'honneur permet effectivement le retrait de la décoration aux étrangers" en vertu de son article 135-5. Pour les chefs d'État, "la décision revient directement au président de la République." Dans le cas de Vladimir Poutine, la procédure n'a pas été enclenchée malgré la demande de 21 députés.

En 2018, le président syrien Bachar al-Assad, décoré en 2001 par Jacques Chirac également, avait pris les devants alors que la France avait engagé une procédure de retrait à son encontre après le conflit syrien. "Il n'est point d'honneur pour le président Assad de porter une décoration attribuée par un régime esclave (...) des Etats-Unis", avait déclaré son entourage.

Article original publié sur BFMTV.com