Yassine Belattar en spectacle à Romans-sur-Isère, malgré l’opposition de la mairie

Yassine Belattar justifie sa venue à Romans-sur-Isère, malgré l’opposition de la mairie (Yassine Belattar, ici à Paris en 2017)
Foc Kan via Getty Images Yassine Belattar justifie sa venue à Romans-sur-Isère, malgré l’opposition de la mairie (Yassine Belattar, ici à Paris en 2017)

CULTURE - Alors que son spectacle, prévu ce samedi 27 avril au théâtre municipal de Romans-sur-Isère, a été annulé par la mairie, Yassine Belattar se produira quand même dans la commune de la Drôme. À la place, il montera sur scène ce vendredi 16 avril, dans une salle privée située non loin du quartier de la Monnaie, où est mort le jeune Zakaria début avril. Un « signal fort » pour les habitants, se félicite l’humoriste, qui s’est exprimé au micro de l’antenne locale de France Bleu.

Mort de Thomas à Crépol : comment l’extrême droite fait tout pour gagner la bataille médiatique

En février, Yassine Belattar avait annoncé avoir été déprogrammé du théâtre municipal des Cordeliers, dénonçant une « censure touchant les artistes musulmans engagés ». Mais il y a quatre jours, il a annoncé sur son compte Facebook avoir trouvé une autre salle, la « Villa Flavia », pour jouer son spectacle intitulé En marge.

Comme il le détaille sur France Bleu Drôme Ardèche, Yassine Belattar fait ici référence aux prises de position de la maire de Romans-sur-Isère, Marie-Hélène Thoraval, après la mort en novembre dernier de Thomas à Crépol, puis celle de Zakaria plus récemment. « Elle a des projets fallacieux : ce qu’il s’est passé depuis la mort du petit Thomas, c’est abject. Venir à la marche pour Thomas et pas à celle pour Zakaria, ça en dit long sur l’ambiance locale. » Et d’ajouter : « Le fait qu’elle ait annulé mon spectacle dans la salle municipale contribue à cela ».

Pour l’occasion, précisent nos confrères, l’humoriste a décidé de baisser les prix de ses places pour les habitants de la Monnaie et de Crépol, le quartier et la ville théâtres des drames des derniers mois.

« Votre censure est ma légion d’honneur »

En février, à l’annonce de la déprogrammation de son spectacle, Yassine Belattar avait déjà écrit un long texte sur les réseaux sociaux, « Votre censure est ma légion d’honneur ». Il y expliquait avoir reçu un mail de la municipalité lui indiquant qu’en raison de travaux dans la salle du théâtre, il ne pouvait pas s’y produire. Ceci sans proposer d’autre date.

« Dans les faits, la maire connue déjà pour ses sorties d’extrême droite, ne veut tout simplement pas de ma venue » dénonçait-il. « Mes engagements en faveur des quartiers populaires ou des Français de confession musulmane sont ancrés en moi. Évoquer le conflit israélo-palestinien est une valeur humaniste et je continuerai à le faire. »

Selon nos confrères du Dauphiné Libéré, le quotidien local, une « forme d’incompatibilité culturelle avec la politique de la ville » avait effectivement été invoquée au sein de l’équipe municipale, où des accusations en « promotion de l’islamisme » et des « accointances avec les Frères musulmans » auraient été relayées contre l’humoriste. Des critiques qui font écho à celles de Manuel Valls, un autre responsable politique qui s’en est pris par le passé à l’artiste.

Déterminé, Yassine Belattar prévoyait déjà à l’époque de trouver une autre salle, voire un restaurant snack s’il le fallait. « Je jouerai à Romans-sur-Isère même si ça doit être dans un grec », avait-il déclaré.

Proche d’Emmanuel Macron, qui l’a déjà reçu à l’Élysée, Yassine Belattar est abhorré par la droite et l’extrême droite. Il a par ailleurs été condamné courant septembre à quatre mois de prison avec sursis pour menaces de mort de crimes visant plusieurs personnalités du monde du spectacle en 2018 et 2019. Des sujets abordés dans son spectacle, qui connaîtra une dernière représentation mi-juin au Bataclan, scène sur laquelle Yassine Belattar a été le premier humoriste à remonter après les attentats de novembre 2015.

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