Yannick Morez, maire de Saint-Brévin, espère que sa démission servira à « faire bouger les choses »

Le maire de Saint-Brévin a démissionné en dénonçant l’« abandon » de l’État face aux difficultés que peuvent rencontrer les maires ruraux.

POLITIQUE - Sa démission, après des actions violentes de l’extrême droite et face à ce qu’il dénonce comme un « abandon » de l’État, a provoqué une vague d’indignation. L’ex-maire de Saint-Brévin, Yannick Morez, espère désormais que son geste permettra d’améliorer les relations avec les élus locaux, trop souvent délaissés selon lui.

« Si ma démission devait servir à une chose, je voudrais ce que soit le rapprochement des services de l’État avec les élus locaux. Aujourd’hui, on a l’impression de vivre dans deux mondes opposés », déplore l’élu dans Ouest-France ce samedi 14 mai.

Le 22 mars, le domicile de Yannick Morez a été incendié après des mois de tensions allant crescendo lors de manifestations organisées notamment à l’appel d’un collectif proche du parti Reconquête !, celui d’Eric Zemmour. Motif : le projet de transfert sur un autre site de la commune, près d’une école, du centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) ouvert depuis 2016. Un projet « voulu par l’État », rappelle-t-il dans le quotidien, mais face auquel il s’est senti « démuni, isolé et laissé sans aide ».

Yannick Morez assure avoir signalé à plusieurs reprises la situation dans sa commune, en vain. Selon Le Parisien, le maire a cependant reçu un courrier d’Emmanuel Macron quelques jours après l’incendie de son domicile, dans lequel le président de la République évoquait « les lourdes contraintes » auxquelles l’élu devait faire face.

« On peut toujours mieux faire »

La ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité Dominique Faure dit n’avoir reçu « aucun courrier ». « Je peux vous dire, pour avoir échangé avec monsieur le préfet, nous considérons que l’État a véritablement été à la hauteur, de par la présence, la réponse aux questions », assure Dominique Faure sur RMC ce samedi, évoquant un « lien étroit entre les services de l’état déconcentrés et Yannick Morez ».

Elle reconnaît cependant que « l’on peut toujours mieux faire », alors que la démission du maire Saint-Brévin a remis sur le devant de la scène la question de la protection des élus. Les faits de violence physique ou verbale contre les élus ont augmenté de 32 % en 2022, selon le ministère de l’Intérieur.

Des mesures pour mieux les protéger sont actuellement à l’étude. Yannick Morez sera entendu mercredi en commission des Lois au Sénat, tandis que le même jour, le gouvernement officialisera le lancement d’un centre de lutte visant à « cartographier les violences faites aux élus, d’en comprendre l’origine pour pouvoir évidemment agir dans le domaine de la prévention ».

« Je pense que si l’annonce de ma démission a pris une telle ampleur, c’est parce qu’il y en a eu tellement durant ce mandat. C’est peut-être la goutte d’eau qui fera déborder le vase, sourit Yannick Morez. Si ça peut faire bouger les choses, tant mieux ! », conclut Yannick Morez.

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