Yémen: La coalition dans l'enceinte principale de l'aéroport d'Hodeïda

Les forces de la coalition arabe engagées dans le conflit au Yémen sont entrées mardi dans l'enceinte principale de l'aéroport d'Hodeïda et en ont repris de vastes zones aux rebelles houthis, a-t-on appris auprès d'habitants et de sources militaires yéménites au sein de l'alliance. /Photo prise le 14 juin 2018/REUTERS/Abduljabbar Zeyad

par Mohammed Ghobari

ADEN (Reuters) - Les forces de la coalition arabe engagées dans le conflit au Yémen sont entrées mardi dans l'enceinte principale de l'aéroport d'Hodeïda et en ont repris de vastes zones aux rebelles houthis, a-t-on appris auprès d'habitants et de sources militaires yéménites au sein de l'alliance.

"Ils ont pris l'aéroport d'assaut", a déclaré à Reuters un militaire yéménite.

Un habitant a confirmé que les troupes de la coalition combattant les rebelles houthis étaient entrées dans l'aéroport après d'intenses affrontements à l'aube.

Les combats se sont aussi intensifiés sur la route côtière menant de l'aéroport au centre-ville, densément peuplé, ont déclaré des habitants d'Hodeïda, les hélicoptères d'attaque Apache de la coalition survolant la zone en appui.

La prise de l'aéroport serait une avancée importante pour la coalition conduite par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, qui dit vouloir chasser rapidement les Houthis de la ville pour éviter une crise humanitaire.

"Nous entendons des tirs d'artillerie, de mortier et des tirs intermittents de fusils automatiques. Les Houthis utilisent des chars d'assaut", a déclaré par téléphone à Reuters un habitant proche de la bande côtière.

"L'eau a été coupée (...) parce que les Houthis ont creusé des tranchées et ont fermé les canalisations. Beaucoup de gens fuient ces quartiers pour le centre-ville", a-t-il poursuivi.

Selon les médias officiels saoudiens et émiratis, les Houthis ont procédé à des tirs de roquettes contre des quartiers civils. Des habitants affirment toutefois que les rebelles chiites visaient les forces de la coalition.

La coalition conduite par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis et les forces pro-gouvernementales yéménites ont lancé mercredi dernier une offensive pour reprendre la ville portuaire d'Hodeïda, sur la mer Rouge, tenue par les Houthis pro-iraniens.

Hodeïda est le principal port du Yémen, le seul encore contrôlé par les rebelles chiites.

De larges pans de l'enceinte principale de l'aéroport ont été saisis par les forces de la coalition, a rapporté WAM, l'agence de presse publique des Emirats arabes unis.

Les avions de la coalition ont mené plus de 40 frappes aériennes sur l'aéroport d'Hodeïda depuis le début de la matinée, ont annoncé les médias contrôlés par les Houthis.

LIVRAISONS HUMANITAIRES

L'offensive a blessé ou déplacé des dizaines de civils et perturbe les opérations des groupes humanitaires présents à Hodeïda, point d'entrée de l'aide à destination de la population yéménite.

Selon les Nations unies, 22 millions de Yéménites sont dépendants d'une assistance extérieure, et 8,4 millions déjà menacés par la famine.

Or les quatre cinquièmes des biens de première nécessité acheminés au Yémen transitent par le port d'Hodeïda et les Nations unies craignent une aggravation de la crise humanitaire.

Près de 600.000 personnes vivent dans et autour d'Hodeïda, selon des représentants de l'Onu, qui craignent que le conflit puisse causer jusqu'à 250.000 morts. Un responsable d'une agence humanitaire de l'Onu a dit à Reuters que le bilan potentiel dépendait en grande partie du risque d'épidémie de choléra.

Le port d'Hodeïda est resté ouvert mardi et le Programme alimentaire mondial (Pam) s'est pressé de décharger trois navires contenant suffisamment de nourriture pour six millions de personnes pendant un mois, a annoncé à Genève la porte-parole du Pam.

Le ministre émirati des Affaires étrangères, Anwar Gargash, a assuré lundi que l'alliance adaptait sa stratégie militaire en tenant compte de la situation humanitaire.

Martin Griffiths, l'émissaire des Nations unies, qui était retourné à Sanaa samedi pour des discussions avec les dirigeants houthis, a quitté la capitale mardi sans effectuer de commentaire, ont annoncé des témoins, laissant planer le doute sur d'éventuelles avancées dans les discussions.

"Durant toutes ses visites, l'émissaire a discuté d'une solution politique globale qui aborde (...) tous les fronts et pas seulement Hodeïda", a déclaré un membre du bureau politique des Houthis, niant que les discussions aient porté seulement sur l'abandon de la ville d'Hodeïda. "Cette demande est irréaliste", a ajouté Mohammed al Bukhaiti.

(avec Dahlia Nehme et Maha El Dahan à Dubaï, Ghaida Ghantous, Stephanie Nebehay à Genève, Henri-Pierre André et Jean Terzian pour le service français)