Xi Jinping rencontre Emmanuel Macron en France : le programme et les enjeux du voyage du président chinois

Pour la première fois depuis 2019, Xi Jinping effectue une visite officielle en France. L’occasion d’aborder notamment l’épineux dossier de la guerre en Ukraine avec Emmanuel Macron (photo d’archive prise à l’occasion de la visite de mars 2019).
LUDOVIC MARIN / AFP Pour la première fois depuis 2019, Xi Jinping effectue une visite officielle en France. L’occasion d’aborder notamment l’épineux dossier de la guerre en Ukraine avec Emmanuel Macron (photo d’archive prise à l’occasion de la visite de mars 2019).

INTERNATIONAL - Pour la première fois depuis la pandémie de Covid et l’isolement choisi par la Chine, Xi Jinping est de retour en France. Accueilli ce dimanche 5 mai après-midi à l’aéroport d’Orly par le Premier ministre Gabriel Attal, le président chinois va passer un peu plus deux jours entre Paris et les Hautes-Pyrénées, un an après qu’Emmanuel Macron a fait le voyage inverse, se rendant à Pékin et Canton en avril 2023.

Réélection de Vladimir Poutine : Chine, Venezuela, Cuba... qui a félicité le président russe pour sa « solide victoire » ?

Et alors que Paris et Pékin célèbrent un anniversaire dans leurs relations diplomatiques, le contexte international sera une nouvelle fois au cœur des discussions entre les deux chefs d’État. Entre le rapprochement qui lie la Chine et Moscou malgré la guerre en Ukraine, et le conflit à Gaza, les dossiers géopolitiques sont en effet nombreux. Surtout si l’on y ajoute les tensions en mer de Chine, qui ne font qu’accentuer les différends entre Chinois et Américains.

La guerre en Ukraine, sujet cardinal

Preuve de l’importance du sujet international, la présidence française a décidé de convier Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, à participer aux échanges du lundi matin avec le dirigeant chinois. En revanche, Olaf Scholz, le chancelier allemand, ne sera pas de la partie. L’Élysée avait pourtant espéré recréer la réunion quadrilatérale de 2019, date de la dernière visite de Xi Jinping dans l’Hexagone : à l’époque, Emmanuel Macron avait réuni les dirigeants chinois, allemand et européen (Angela Merkel et Jean-Claude Juncker en l’occurrence).

Du point de vue français, la Chine est le seul acteur à même de peser sur la Russie, ce qui doit lui permettre de protéger l’Ukraine. Car s’ils refusent pour l’heure d’accabler Vladimir Poutine et soutiennent financièrement l’effort de guerre russe, État et entreprises chinois peuvent être un levier de taille pour les alliés de l’Ukraine que sont les Français, et plus largement les Européens. Paris espère donc pousser Pékin à « contribuer à une résolution de ce conflit », selon les termes choisis par l’Élysée.

Marc Julienne, spécialiste de la Chine, résume ainsi la pensée française dans la note de l’Ifri (Institut français des relations internationales) sur la visite de Xi Jinping : « En somme, on pense que Xi peut nous aider, mais en même temps on craint qu’il puisse aider Poutine. » En prenant aussi en compte le scandale d’espionnage au profit de la Chine qui a récemment éclaté au Parlement européen, on peut imaginer qu’Emmanuel Macron et ses partenaires devront avancer sur une ligne de crête pour plaider leur cause.

Invalides et controverses économiques

Résultat : la cérémonie du lundi après-midi aux Invalides devrait servir à montrer quoi qu’il arrive un visage d’amitié entre Français et Chinois. Et quoi de mieux pour cela qu’une mise à l’honneur des 60 ans de l’ouverture des relations diplomatiques entre les deux pays, avec notamment une interprétation des deux hymnes nationaux et une revue de troupes, avant une déclaration commune à la presse d’Emmanuel Macron et Xi Jinping en fin d’après-midi.

Dans le même temps, les deux premières dames, Brigitte Macron et Peng Liyuan seront pour leur part en visite privée au musée d’Orsay, rapporte Europe 1, avant de peut-être passer au siège de l’Unesco, distant d’à peine trois kilomètres.

En début de soirée, il est ensuite prévu que Xi Jinping et Emmanuel Macron paraissent au théâtre Marigny, tout proche de l’Élysée dans le VIIIe arrondissement. S’y tiendra une réunion économique entre entrepreneurs des deux pays. Tout sauf une gageure quand on sait que les investissements chinois dans l’Hexagone ont fortement baissé ces dernières années.

Or si l’Élysée espère les voir repartir à la hausse (et faciliter en même temps l’accès des entreprises françaises au marché chinois), en toile de fond, des enquêtes sur une possible concurrence déloyale d’entreprises chinoises ont été ouvertes au niveau européen. Dans le viseur de l’UE, entre autres, des subventions massives qui seraient accordées par Pékin aux constructeurs chinois de véhicules électriques, au risque de submerger le marché européen. Et ce alors que la France compte sur des investissements chinois… dans le secteur des véhicules électriques.

Une escapade pyrénéenne

À la suite de ce volet économique, un dîner d’État sera donné à l’Élysée. Après avoir regagné son pied-à-terre du très chic hôtel The Peninsula, dans le XVIe arrondissement, Xi Jinping retrouvera son homologue français mardi en fin de matinée à l’aéroport de Tarbes-Lourdes, dans le département des Hautes-Pyrénées.

De là, les deux dirigeants se rendront au col du Tourmalet, bien connu des amateurs de cyclisme pour figurer régulièrement au programme du Tour de France, et qui servira cette fois de décor à un déjeuner entre les deux dirigeants. Dans cette région, où le président français s’est rendu à plusieurs reprises notamment en hommage à sa grand-mère maternelle, l’Élysée compte répliquer la séquence offerte lors de la visite d’Emmanuel Macron en Chine l’an passé. Le chef de l’État avait alors été invité par Xi Jinping à Canton, voyage à la symbolique personnelle forte pour le dirigeant chinois puisque son père y a exercé des responsabilités politiques avant d’être écarté du pouvoir.

La visite française de Xi Jinping se conclura dans l’après-midi, de nouveau à l’aéroport de Tarbes-Lourdes, d’où le président chinois s’envolera pour deux nouvelles étapes européennes. Des rendez-vous à la tonalité bien différente puisqu’il est attendu en Serbie et en Hongrie, soit un fervent allié de la Russie et le vilain petit canard de l’UE, dirigé par l’autoritaire Viktor Orban.

À voir également sur le HuffPost :

En Chine, l’État veut bannir les tenues « qui nuisent à l’âme du peuple chinois »

La Chine accuse l’Occident d’en faire trop sur son économie en « difficulté »