WPP rassure avec ses résultats et prévisions

par Kate Holton

LONDRES (Reuters) - WPP, premier groupe publicitaire mondial, a rassuré le marché vendredi avec des résultats et des prévisions moins faibles que prévu après une année de turbulences marquée par le départ de son fondateur Martin Sorrell, une baisse de 40% de sa capitalisation boursière et la perte de plusieurs gros clients.

Les investisseurs étaient d'autant plus fébriles que son concurrent français Publicis a suscité l'inquiétude il y a trois semaines en annonçant un recul de ses revenus au quatrième trimestre.

WPP a déclaré que ses ventes nettes à périmètre comparable allaient se contracter au maximum de 2% cette année après un repli de 0,4% en 2018, moins marqué que la baisse de 0,5% prévue par les analystes.

L'action du groupe britannique gagnait 7,16% à 885 pence vers 09h55 GMT, troisième plus forte hausse de l'indice européen Stoxx 600 (+0,6%), ce qui lui permet de regagner une partie du terrain perdu à la suite de la publication des résultats de Publicis.

"Nous pensons que l'action WPP représente une valeur à long terme et que, pour les investisseurs prêts à attendre (...) l'action pourrait offrir un potentiel de hausse considérable", écrit Ian Whittaker, analyste chez Liberum.

"Les projets (...) semblent plus que réalisables et l'impact de 2019 n'étant pas aussi négatif que prévu, nous nous attendons à ce que l'action WPP commence à bénéficier d'une réévaluation", a-t-il ajouté.

WPP, propriétaire entre autres des agences JWT, Finsbury et Ogilvy, est engagé dans une restructuration sur trois ans à la suite de plusieurs avertissements sur résultats en 2017 et 2018.

"Il reste encore du chemin à parcourir mais je dirais que les premiers signes sont prometteurs", a déclaré le directeur général Mark Read à Reuters.

Les clients de WPP jugent la structure du groupe trop complexe car nombre d'agences sont en concurrence entre elles et cela conduit souvent à traiter avec des centaines de personnes pour obtenir un service.

WPP, présent dans 112 pays, investit pour recruter de nouveaux créatifs tout en fusionnant des agences et en réduisant les emplois et les coûts. Le groupe dit avoir bouclé la fusion de 70 bureaux sur les 100 prévus et en avoir fermé 57 sur les 80 envisagés. Environ 2.650 des 3.500 licenciements prévus ont été engagés.

WPP a également procédé à 36 cessions, afin de renforcer son bilan. Le groupe n'a rien dit concernant son projet de vente d'une participation dans le groupe d'analyse de données Kantar.

VENTS CONTRAIRES AU PREMIER SEMESTRE

WPP a déjà indiqué que 2019 serait une année difficile. Mark Read a déclaré que le groupe ferait face à des vents contraires particulièrement forts au premier semestre, tandis que les ventes nettes sur l'ensemble de l'année devraient baisser de 1,5% à 2%. Son plan vise à ce que WPP retrouve la dynamique de ses concurrents d'ici fin 2021.

Contrairement à Publicis, les groupes américains Omnicom et IPG ont publié des résultats solides.

C'est aux Etats-Unis que WPP traverse une passe particulièrement difficile, ses ventes nettes ayant reculé de 4,2% en 2018.

Le groupe britannique, comme ses pairs, fait face aux bouleversements en oeuvre dans le secteur où la présence de Facebook et de Google, et dans une moindre de mesure des cabinets de conseil comme Deloitte, ont remodelé la manière dont les clients souhaitent travailler avec les agences de publicité.

Selon Mark Read, WPP a commencé à proposer à ses clients une offre plus cohérente, notamment dans le cadre d'un contrat avec Volkswagen en Amérique du Nord.

Emma-Lou Montgomery, directrice associée du service des opérations sur actions chez Fidelity Personal Investing, estime que WPP doit faire preuve de créativité pour conquérir ses actionnaires.

"Maintenir le dividende à 60 pence par action est une bonne nouvelle", dit-elle, ajoutant que WPP doit à présent montrer aux investisseurs qu'il peut redevenir le meilleur.

(Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)