Wauquiez accuse Macron d'avoir contribué à "démolir" Fillon

Le président du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez, a accusé le président Emmanuel Macron d'avoir contribué à l'entreprise de "démolition" du candidat de la droite, François Fillon, pendant la campagne présidentielle de 2017. /Photo prise le 20 novembre 2017/REUTERS/Philippe Wojazer

PARIS (Reuters) - Le président du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez, a accusé le président Emmanuel Macron d'avoir contribué à l'entreprise de "démolition" du candidat de la droite, François Fillon, pendant la campagne présidentielle de 2017.

Des propos sans filtre du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes enregistrés à son issu cette semaine lors d'une intervention dans une école de commerce, EM Lyon, ont été diffusés vendredi soir dans l'émission Quotidien, sur TMC.

Entre autres critiques de personnalités comme l'ancien président Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel, Laurent Wauquiez accuse Emmanuel Macron d'avoir contribué à la chute de François Fillon, vainqueur de la primaire de la droite finalement éliminé du premier tour de l'élection présidentielle au terme d'une campagne jalonnée de révélations embarrassantes pour l'ex-Premier ministre.

"Effectivement il (Emmanuel Macron-NDLR) a quand même eu un alignement de planètes assez inespéré. Que Fillon gagne la primaire et que derrière il le démolisse, ça je suis sûr et certain qu'il l'a organisé. Je pense qu'il a largement contribué à construire la cellule de démolition", a dit Laurent Wauquiez, qui avait demandé aux étudiants de ne pas l'enregistrer.

Samedi, l'ancien député a menacé d'engager des poursuites. Les propos "ont été enregistrés de façon illégale, avec des méthodes peu déontologiques qui ouvrent la voie à des suites judiciaires", peut-on lire sur son compte Twitter.

Laurent Wauquiez décrit une conversation tenue "dans le cadre privé d'un enseignement, au cours d'une discussion libre avec des étudiants, parfois sur le ton de l'humour. Ce cours amenait notamment les étudiants à réfléchir sur les rumeurs et les fantasmes qui nourrissent la vie politique."

Dans l'enregistrement, le chef des Républicains déclare que Nicolas Sarkozy, quand il était à l'Elysée, "mettait sur écoutes" et "contrôlait les téléphones portables de ceux qui rentraient en conseil des ministres".

Laurent Wauquiez "s'est excusé" samedi auprès de l'ex-chef de l'Etat, qui en "a pris note", a rapporté à Reuters l'entourage de Nicolas Sarkozy, qui "dément formellement et bien évidemment cette grotesque histoire d'écoutes."

"BRUTALITÉ"

La diffusion des propos du leader de la droite républicaine a suscité moult réactions, entre indignation et ironie.

La députée La République en marche Aurore Bergé a dénoncé la "brutalité" du chef de LR. "On n'a pas fait d'entreprise de démolition. On a juste fait campagne", a-t-elle dit sur franceinfo à propos de la victoire d'Emmanuel Macron. Pour la porte-parole du groupe LaRem à l'Assemblée, "cela met à jour qui est Laurent Wauquiez, dans la brutalité qui est la sienne, et dans la manipulation de l'opinion".

Devant les étudiants lyonnais, Laurent Wauquiez s'est aussi montré sévère avec le ministre des Comptes publics issu de la droite Gérald Darmanin, visé par deux enquêtes dont l'une pour viol a été classée sans suite vendredi.

Gérald Darmanin "c'est du Cahuzac puissance 10 !", a-t-il dit en référence à l'ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac, qui a quitté le gouvernement pour avoir dissimulé des comptes bancaires à l'étranger.

"Le type sait très bien ce qu'il a fait, il sait très bien ce qui va arriver. Vous penserez à moi dans les semaines qui viennent. Mais lui, je ne lui promets pas un grand destin", a-t-il ajouté à propos de Gérald Darmanin. "Et il y a une deuxième affaire qui vient de sortir. Dans laquelle, à nouveau, il a usé de faiblesse. Et ça n’est que le début. Et donc il va tomber !"

Les ténors de la "macronie" ont fustigé ces propos sur Twitter à l'image du délégué général de LaRem, Christophe Castaner et du porte-parole du gouvernement. "Diffamations, injures, vulgarité... une conception particulière de l’enseignement... Les étudiants de @EMLYON méritent mieux !", a écrit Benjamin Griveaux.

Pour le commissaire européen et ancien ministre socialiste Pierre Moscovici, "la politique du dénigrement abaisse et salit le débat public. Laurent Wauquiez confond cash et trash."

(Elizabeth Pineau, édité par Jean-Stéphane Brosse)