Les USA "prêts" à une solution militaire contre l'EI en Syrie

Le vice-président américain, Joe Biden (à gauche), et le Président turc, Recep Tayyip Erdogan. Les Etats-Unis et la Turquie sont prêts à une solution militaire en Syrie au cas où un accord politique se révélerait impossible, a déclaré Joe Biden. /Photo prise le 23 janvier 2016/REUTERS/Sedat Suna/Pool

par David Dolan et Asli Kandemir ISTANBUL (Reuters) - Le vice-président américain, Joe Biden, a déclaré samedi que les Etats-Unis et la Turquie étaient prêts à envisager une solution militaire contre l'Etat islamique en Syrie au cas où un accord politique se révélerait impossible. Les discussions de paix sur la Syrie doivent en principe commencer lundi à Genève, mais cette date apparaît désormais incertaine notamment en raison d'un différend sur la composition de la délégation représentant l'opposition au président Bachar al Assad. "Nous savons bien qu'il vaudrait mieux parvenir à une solution politique, mais nous sommes prêts (...), si cela n'est pas possible, à avoir une solution militaire à cette opération contre Daech (acronyme arabe de l'Etat islamique-NDLR)", a déclaré Joe Biden lors d'une conférence de presse après un entretien avec le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu. Joe Biden faisait référence à une solution militaire en ce qui concerne l'EI et non la Syrie tout entière, a par la suite précisé un responsable américain. Le vice-président américain a déclaré que les représentants des deux pays de l'Otan avaient aussi discuté de la manière dont ils peuvent approfondir le soutien aux forces arabes sunnites en Syrie qui luttent pour renverser Bachar al Assad. Saleh Muslim, co-président du Parti de l'union démocratique (PYD), principale formation politique kurde en Syrie, a déclaré vendredi que les discussions de paix étaient vouées à l'échec si les Kurdes syriens n'y étaient pas représentés. "MENACE EXISTENTIELLE" Les Etats-Unis font la différence entre le PYD, dont ils soutiennent les combattants regroupés dans sa branche militaire syrienne, les Unités de protection du peuple (YPG), et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), formation politique de Turquie en lutte depuis des décennies contre le gouvernement d'Ankara. Ankara ne fait pas la distinction. Ahmet Davutoglu a réaffirmé samedi la position du gouvernement turc, à savoir que les YPG font partie du PKK et sont soutenues par lui. Les YPG ont pris à l'Etat islamique des territoires en Syrie en profitant des frappes aériennes de la coalition internationale menée par les Etats-Unis et ont déclaré ces terres région autonome, au grand dam d'Ankara. Ahmet Davutoglu a déclaré samedi que les YPG étaient une menace croissante pour la Turquie. Joe Biden a quant à lui vertement critiqué le PKK, qu'il a qualifié de "groupe terroriste pur et simple". "L'EIIL n'est pas la seule menace existentielle (...), le PKK est également une menace et nous en sommes conscients", a déclaré le vice-président américain en utilisant un acronyme de l'ancien nom de l'Etat islamique. Ahmet Davutoglu a pour sa part évoqué la présence turque en Irak. L'armée turque est en Irak pour repousser l'Etat islamique, a-t-il dit, réaffirmant qu'Ankara respectait l'intégrité territoriale de l'Irak. Par ailleurs, à ses yeux seule l'opposition syrienne "légitime" doit participer aux négociations sur la Syrie. (Danielle Rouquié pour le service français, édité par Gilles Trequesser)