Wall Street plombée par le FMI et les tensions commerciales

par Wilfrid Exbrayat

PARIS (Reuters) - A l'instar de ses homologues européennes, la place de Wall Street a terminé en baisse la séance de mardi et pour les mêmes raisons, à savoir la révision à la baisse des prévisions de croissance du Fonds monétaire international (FMI) et un nouveau front qui semble s'ouvrir dans la guerre commerciale.

L'indice Dow Jones a perdu 190,44 points, soit 0,72%, à 26.150,58 points. Le S&P-500, plus large, a cédé 17,57 points (0,61%) à 2.878,20 points, mettant ainsi un terme à huit séances consécutives de hausse. Le Nasdaq Composite a laissé 44,61 points (0,56%) à 7.909,28 points.

Le président américain Donald Trump a déclaré mardi vouloir imposer à l'Union européenne (UE) des droits de douane sur 11 milliards de dollars (9,8 milliards d'euros) de produits exportés.

La Commission européenne de son côté a dit travailler à de possibles mesures de rétorsion au sujet des subventions dont bénéficie Boeing.

La nouvelle révision à la baisse des prévisions du FMI a elle ravivé les inquiétudes sur l'état de santé de l'économie mondiale, que des indicateurs chinois et américains dépassant les attentes avaient quelque peu apaisées ces derniers jours.

Elle a également pour effet d'attiser les conjectures pessimistes à quelques jours du démarrage de la période de parution des résultats trimestriels; ces derniers risquent de s'être contractés pour la première fois depuis 2016, de 2,5%, suivant des données de Refinitiv.

C'est Delta Air Lines qui ouvrira le bal mercredi, la compagnie aérienne étant suivie vendredi par les banques.

Bernard Baumohl, d'Economic Outlook Group à Princeton, remarque cependant que la Bourse a monté durant la première partie de l'année, en dépit des craintes suscitées par l'évolution de la croissance mondiale et par la guerre des droits de douane, et alors même que les anticipations pour les résultats de sociétés du troisième trimestre avaient déjà été revues à la baisse.

Le volume a été de 6,31 milliards de titres échangés contre une moyenne quotidienne de 7,26 milliards sur les 20 séances précédentes.

VALEURS

Neuf des 11 indices S&P sectoriels ont fini dans le rouge, la plus grosse perte revenant à celui des industrielles (-1,4%).

Boeing a encore perdu 1,5%, pâtissant d'une chute de ses livraisons liées à l'immobilisation au sol des 737.

L'indice des semiconducteurs de la Bourse de Philadelphie a rétrogradé d'un peu plus de 1% après son record de la veille, cédant du terrain dans le sillage d'Advanced Micro Devices (-4,5%) et de Nvidia (-1,3%).

United States Steel a chuté de plus de 10%, victime d'un abaisse de recommandation de la part de Credit Suisse, de "neutre" à "sous-performance".

A l'inverse, Walt Disney a gagné 1,7%, porté par un relèvement de recommandation de Cowen and Co de "performance en ligne" à "surperformance".

Levi Strauss a fini en hausse de 2,7% et a encore pris 1,3% après la clôture, en réaction à ses premiers trimestriels depuis son IPO.

LES INDICATEURS DU JOUR

Pas d'indicateurs économique majeur.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont terminé en baisse mardi, lésées par la dégradation des prévisions du Fonds monétaire international sur la croissance mondiale et un regain de tension entre l'Union européenne et les Etats-Unis sur le commerce.

À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 0,65% à 5.436,42 points. Le Footsie britannique a reculé de 0,35% et le Dax allemand a cédé 0,94%. L'indice EuroStoxx 50 a perdu 0,61%, le FTSEurofirst 300 0,41% et le Stoxx 600 0,47%.

TAUX

Les dernières prévisions du FMI et les nouveaux risques de guerre commerciale, cette fois-ci entre les Etats-Unis et l'Union européenne (UE), ont provoqué un reflux des rendements des Treasuries.

Les Treasuries avaient régressé la veille en raison de l'énorme emprunt obligataire du géant pétrolier Saudi Aramco.

Les traders ont l'habitude de bloquer pour eux-mêmes le coût d'un emprunt corporate auquel ils souscrivent en vendant des Treasuries avant que le placement soit achevé. Une fois l'emprunt de société placé, ils rachètent les Treasuries pour dénouer l'opération d'arbitrage.

Le rendement du 10 ans perdait 1,7 point de base à 2,502% et celui du 30 ans un point de base à 2,914%.

Le Trésor a adjugé pour 38 milliards de dollars de papier à trois ans mais la demande n'a pas été aussi forte que prévu.

CHANGES

Le yen a profité de son statut de devise refuge en période troublée et gagnait 0,34% à 111,12 par dollar et à peu près la même chose face à l'euro.

Les devises des pays pétroliers (Norvège, Russie, Mexique entre autres), affectées par la mauvaise conjoncture décrite par le FMI et par la retraite des cours pétroliers afférente, ont rétrogradé par rapport aux pics atteints un peu auparavant dans la journée.

PETROLE

Les cours ont terminé en baisse, les annonces de la Russie laissant présager un éventuel assouplissement du pacte de réduction de la production le disputant aux risques de perturbation de l'offre pétrolière liée aux affrontements en Libye.

L'Institut américain du pétrole (API) a par ailleurs annoncé une hausse des stocks américains de brut la semaine passée, de 4,1 millions de barils, alors que les analystes n'anticipaient qu'un ajout de 2,3 millions de barils.

A SUIVRE MERCREDI 10 AVRIL :

Francfort: réunion du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne: décision sur les taux à 13h45, conférence de presse à 14h30.

Washington:

- Prix de détail de mars à 14h30;

- compte rendu de la réunion des 19 et 20 mars du comité de politique monétaire (Fomc) de la Réserve fédérale à 20h00.

(Sruthi Shankar et Shreyashi Sanyal et Stephen Culp, Gertrude Chavez-Dreyfuss, Richard Leong, Alex Lawler; Wilfrid Exbrayat pour le service français)