Wall Street salue l'accord écartant le risque d'un 2e "shutdown"

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - La Bourse de New York a fini en nette hausse mardi et inscrit de nouveaux plus hauts de près de deux mois et demi, tirée par l'accord conclu au Congrès pour éviter un nouveau blocage des administrations fédérales et par l'espoir de voir aboutir les discussions commerciales avec la Chine.

L'indice Dow Jones, qui restait sur quatre séances de baisse d'affilée, a gagné 372,65 points, soit 1,49%, à 25.425,76 et le Standard & Poor's 500, plus large, a pris 34,93 points, soit 1,29%, à 2.744,73.

Le Nasdaq Composite a progressé de 106,71 points, soit 1,46%, à 7.414,62.

Tous trois ont ainsi inscrit leur meilleure clôture depuis le 3 décembre et le S&P-500 a terminé au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours, un important seuil technique, pour la première fois depuis la même date.

L'indice de volatilité du CBOE, baromètre de la nervosité des investisseurs a quant à lui touché son plus bas niveau depuis le 5 octobre.

La baisse du S&P-500 par rapport à son record de clôture du 20 septembre (2.930,75 points) est désormais inférieure à 6,5%.

Même s'il a dit ne pas être "ravi" par l'accord conclu lundi entre démocrates et républicains au Congrès sur le financement de la sécurité aux frontières, Donald Trump a jugé improbable une nouvelle paralysie partielle ("shutdown") de l'administration américaine.

Le président américain, par ailleurs, n'a pas exclu de repousser la date limite du 1er mars fixée pour conclure les discussions en cours avec la Chine sur le commerce.

"Il assez étonnant de constater que la possibilité d'éviter un shutdown suffise à faire monter les cours", estime Oliver Pursche, vice-président de Bruderman Asset Management. "Cela signifie que l'anecdotique l'emporte sur les fondamentaux. On assiste à des mouvements fondés uniquement sur l'émotionnel."

L'actualité politique a de fait éclipsé les publications de résultats. Alors que 70% des sociétés du S&P-500 ont publié leurs compte, 71% ont battu le consensus mais les perspectives pour le premier trimestre s'assombrissent, les profits de l'indice étant désormais attendues en baisse sur un an.

"Je pense que la probabilité que nous entrions dans une nouvelle récession des bénéfices est de 50-50", a dit Oliver Pursche.

VALEURS

L'espoir d'un accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine a une nouvelle fois profité aux valeurs les plus exposées à l'international: le S&P de l'industrie a progressé de 1,56% et l'indice Philadelphia des semi-conducteurs de 2,13%; le S&P des hautes technologies a gagné 1,36%.

Parmi les meilleures performances du Dow Jones, Caterpillar a gagné 2,9%, Intel 2,54% et 3M 2,82%.

L'immobilier a été le seul des 11 grands secteurs de la cote à finir la journée dans le rouge, avec un repli de 0,7%.

Les financières, elles, ont bénéficié de la remontée des rendements obligataires, conséquence du regain d'appétit pour le risque: leur indice sectoriel a avancé de 1,56%, Goldman Sachs a gagné 1,65% et JPMorgan Chase 1,71%.

La plus forte hausse du S&P-500 est pour le groupe de parfums et cosmétiques Coty, qui a bondi de 12,53% après l'annonce par son actionnaire allemand JAB de son intention de porter sa participation à 60%.

Amazon a gagné 2,95% après l'abandon par Walmart (+0,80%) d'un partenariat avec le groupe de logistique Devi en vue du lancement d'un service de livraison à domicile de produits frais.

LA SÉANCE EN EUROPE

Comme à Wall Street, le regain d'espoir sur le commerce et le soulagement sur le "shutdown" ont profité aux actions en Europe.

À Paris, le CAC 40 a terminé en hausse de 0,84% à 5.056,35 points. Le Dax allemand a gagné 1,01% mais le Footsie britannique a limité son avance à 0,06%, freiné par le renchérissement de la livre sterling après les dernières déclarations de Theresa May sur le Brexit.

L'indice EuroStoxx 50 a pris 0,79%, le FTSEurofirst 300 0,45% et le Stoxx 600 0,46%.

Meilleure performance sectorielle du jour, le compartiment automobile a gagné 2,76%, tiré par le bond de 13,05% de Michelin après ses résultats annuels, supérieurs aux attentes en dépit d'un marché peu porteur.

TAUX

Les rendements des emprunts d'Etat américains sont remontés mardi après l'accord entre républicains et démocrates sur le budget fédéral et à la veille de la publication de chiffres d'inflation très attendus aux Etats-Unis.

En fin de séance, les Treasuries à dix ans affichaient un rendement de 2,68%, en hausse de deux points de base sur la journée.

Les statistiques mensuelles des prix à la consommation attendues mercredi apporteront aux investisseurs de nouveau indices sur l'évolution possible de la politique monétaire de la Fed dans les mois à venir.

Le président de la banque centrale, Jerome Powell, n'a pas évoqué le sujet directement lors d'un discours prononcé mardi, se contentant de souligner la solidité de l'économie américaine en jugeant faible la probabilité d'une récession.

Selon une enquête de JPMorgan, l'intérêt des investisseurs obligataires pour les Treasuries à long terme a atteint la semaine dernière son niveau le plus élevé depuis septembre 2016, une conséquence des signes de ralentissement de la croissance et des tensions commerciales.

CHANGES

Après huit séances consécutives de hausse, du jamais vu depuis deux ans, l'"indice dollar", qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de référence, a cédé un peu de terrain, le regain d'appétit pour le risque détournant de lui une partie des investisseurs.

En fin de séance à New York, il reculait de 0,36% après une progression de 1,8% depuis le 30 janvier. L'euro se traitait autour de 1,1330 dollar, en hausse de 0,5%.

La livre sterling, elle, s'est appréciée face au dollar mais a cédé un peu de terrain face à l'euro après les déclarations de la Première ministre britannique, Theresa May, sur sa confiance dans la possibilité d'un accord avec l'Union européenne acceptable par le Parlement avant le 29 mars.

PÉTROLE

Les cours du pétrole ont terminé en hausse, la diminution de la production de l'Opep et de ses alliés ayant amplifié l'impact du regain général d'appétit pour les actifs à risque.

Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a gagné 69 cents, soit 1,32%, à 53,10 dollars le baril et le Brent 91 cents (1,48%) à 62,42 dollars.

L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole et chef de file de fait de l'Opep a annoncé son intention de ramener sa production à 9,8 millions de barils par jour (bpj) en mars, soit plus de 500.000 bpj en dessous du quota prévu par l'accord conclu en décembre par l'"Opep+".

Ce facteur l'a emporté sur la révision à la baisse des prévisions de demande mondiale de l'Opep.

(Avec Stephen Culp à New York et Amy Caren Daniel à Bangalore)