Wall Street monte avec les distributeurs pour le "Cyber Monday"

(Reuters) - La Bourse de New York a nettement rebondi lundi, un mouvement général d'achat à bon compte après la forte baisse de la semaine dernière ayant profité en particulier de la perspective de dépenses de fin d'année en hausse et de la remontée des cours du pétrole.

L'indice Dow Jones a gagné 354,29 points, soit 1,46%, à 24.640,24.

Le S&P-500, plus large, a pris 40,89 points, soit 1,55%, à 2.673,45.

Le Nasdaq Composite a progressé de 142,87 points, soit 2,06%, à 7.081,85.

Tous trois affichent ainsi leur meilleure performance depuis le 7 novembre.

Sur l'ensemble de la semaine dernière, le Dow avait perdu 4,44%, le Nasdaq 4,26% et le S&P-500 3,79%, ce dernier portant vendredi soir sa baisse depuis son dernier record à 10,2%, un recul correspondant à la définition d'une correction.

Le début prometteur de la saison des achats de fin d'année a servi de prétexte aux achats à bon compte: selon Adobe Analytics, qui compile environ 80% des transactions en ligne réalisées par les 100 plus gros distributeurs américains, la seule journée de ce lundi pourrait représenter pour le secteur un chiffre d'affaires record de 7,8 milliards de dollars (6,9 milliards d'euros).

A cette perspective rassurante pour la consommation est venue s'ajouter l'impact du rebond des cours du pétrole après leur chute de vendredi.

"On a assisté à un rebond après avoir fini vendredi à un niveau survendu et grâce à des facteurs saisonniers", résume Bucky Hellwig, vice-président de BB&T Wealth Management. "Il semble que pour l'instant, les ventes au détail ont été solides, que ce soit en magasin ou en ligne, ce qui est toujours une bonne chose."

VALEURS

Les 11 grands indices sectoriel S&P ont fini en territoire positif mais celui de la distribution affiche l'une des meilleures performances du jour avec un gain de 3,06%.

Le numéro un mondial du commerce en ligne, Amazon a pris 5,28% tandis que Best Buy, première enseigne de magasins d'électronique grand public du pays, gagnait 2,86%.

Le secteur des hautes technologies et celui de la finance ont repris respectivement 2,25% et 2,1% après avoir cédé 6,08% et 2,96% la semaine dernière.

Parmi les plus fortes progressions du jour au sein du Dow Jones, American Express a gagné 3,73% et Microsoft 3,3%.

La capitalisation boursière de ce dernier s'est ainsi rapprochée un peu plus de celle d'Apple, qui n'a gagné "que" 1,35%.

A noter aussi, le bond de 4,79% de General Motors après la présentation de son plus vaste plan de restructuration depuis dix ans, qui prévoit la suppression de 8.000 emplois en Amérique du Nord et une refonte de sa gamme.

La remontée des cours du pétrole a parallèlement profité au compartiment de l'énergie, dont l'indice a repris 1,72%.

PÉTROLE

Le prix du baril a en effet enregistré sa plus forte hausse en pourcentage sur une séance depuis cinq mois, favorisée par la diminution des stocks aux Etats-Unis et les inquiétudes sur l'évolution de l'offre mondiale à dix jours de la réunion ministérielle de l'Opep.

Le contrat janvier sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a gagné 1,21 dollar, soit 2,4%, à 51,63 dollars le baril.

Le Brent a parallèlement pris 1,68 dollar (2,86%) à 60,48 dollars.

Le prix du baril était tombé vendredi à son plus bas niveau depuis octobre 2017, le Brent revenant à 58,41 dollars et le WTI à 50,15 dollars, en baisse de près de 8% sur la séance.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les principaux indices boursiers européens ont profité d'un regain d'optimisme sur le budget italien et de spéculations sur une possible poursuite de la concentration du secteur des télécoms, deux facteurs qui ont amplifié l'impact de l'adoption dimanche de l'accord entre Londres et Bruxelles sur le Brexit.

À Paris, le CAC 40 a gagné 0,97% à 4.994,98 points après avoir repassé en séance le seuil des 5.000 points pour la première fois depuis une semaine. Le Footsie britannique a pris 1,20% et le Dax allemand 1,45%.

L'indice EuroStoxx 50 a avancé de 1,13%, le FTSEurofirst 300 de 1,30% et le Stoxx 600 de 1,23%.

La Bourse de Milan a gagné 2,77%, tirée par la hausse de ses valeurs bancaires, dont l'indice de référence a bondi de 4,83%.

L'indice Stoxx européen des télécommunications a pris parallèlement 3,3% après des informations selon lesquelles la Commission européenne s'apprête à approuver sans condition le rachat par Deutsche Telekom (+1,02%) de la filiale aux Pays-Bas du suédois Tele2 (+9,03%).

CHANGES

En hausse en début de journée grâce à la validation de l'accord sur le Brexit par le Conseil européen et aux espoirs de réduction du déficit italien prévu pour 2019, l'euro a cédé du terrain par la suite face au dollar, en réaction aux propos de Mario Draghi.

Lors de son audition au Parlement européen, le président de la Banque centrale européenne a en effet reconnu que la croissance dans la zonz euro avait ralenti, même si cette évolution ne justifiait pas un changement de stratégie de la BCE.

L'impact de ses propos a été d'autant plus net qu'ils sont intervenus quelques heures seulement après l'annonce d'une baisse plus marquée qu'attendu de l'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne.

Le dollar, lui, s'appréciait en fin de séance à New York de 0,17% face à un panier de devises de référence. Les cambistes attendent surtout le discours que Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, doit prononcer mercredi et la publication le lendemain du compte rendu de la dernière réunion de la Fed.

TAUX

La hausse de Wall Street a contribué à celle des rendements des obligations d'Etat américaines à l'orée d'une semaine marquée par l'adjudication de 129 milliards de dollars de bons du Trésor.

En fin de séance, le rendement des Treasuries à dix ans était en hausse de 1,2 point de base à 3,07%.

En Europe, la journée a surtout été marquée par une baisse marquées des rendements de la dette italienne, qui a atteint entre 20 et 30 points de base pour les ramener à leurs plus bas niveaux depuis deux mois.

Le "spread" (écart de rendement) entre les obligations d'Etat à dix ans italiennes et allemandes est ainsi revenu en sous 290 points de base pour la première fois depuis le 8 novembre.

(Marc Angrand, avec Stephen Culp à New York)