COR-Wall Street finit sur de nouveaux records malgré l'emploi

par Caroline Valetkevitch

NEW YORK (Reuters) - (Correction: Bien lire au paragraphe 5 qu'il s'agit du meilleur début d'année depuis 2003 pour le Dow et depuis 2006 pour le S&P et le Nasdaq.)

Wall Street a fini sur de nouveaux records vendredi en dépit d'une statistique de l'emploi inférieure aux attentes, le marché voulant croire que cela incitera la Réserve fédérale à rester mesurée dans ses hausses de taux en 2018.

L'indice Dow Jones a gagné 220,74 points, soit 0,88%, à 25.295,87 après avoir tutoyé les 25.300 avec un record à 25.299,79 points.

Le S&P-500, plus large, a pris 19,16 points, soit 0,70%, à 2.743,15, terminant pratiquement à son plus haut du jour.

Le Nasdaq Composite a avancé de son côté de 58,64 points (0,83%) à 7.136,56, porté par le secteur technologique.

Sur la première semaine de l'année, le Dow a pris 2,3%, soit son meilleur début d'année (sur quatre jours) depuis 2003 ; le S&P a gagné 2,6% et le Nasdaq 3,4%, leur meilleur début depuis 2006. Pour ces deux derniers indices, il s'agit de surcroît leur meilleure performance hebdomadaire depuis décembre 2016.

La semaine a aussi été marquée par le franchissement de seuils symboliques : le Dow a passé jeudi les 25.000 points, le S&P a clôturé au-dessus de 2.700 points mercredi et le Nasdaq avait la veille fini pour la première fois au-dessus des 7.000.

"On est à plus de 2% de hausse sur les quatre premiers jours de 2018, ce n'est pas mal. Les effets attendus de la réforme fiscale et les perspectives économiques favorables continuent de soutenir la tendance", déclare Mike Baele, directeur général de U.S. Bank Private Client Wealth Management à Portland (Oregon).

Le chiffre de l'emploi moins bon qu'attendu dissuadera la Fed d'être trop agressive dans ses hausses de taux, ce qui est aussi un facteur de soutien pour les actions, ajoute-t-il.

Le département du Commerce a recensé 148.000 créations d'emplois le mois dernier, bien moins que les 190.000 que les économistes attendaient en moyenne.

Les traders continuent de parier que la Fed ne relèvera ses taux qu'à deux reprises cette année, la première en mars, après les trois resserrements de 2017.

L'anticipation de bons résultats de sociétés au quatrième trimestre soutient aussi la tendance. Les analystes prévoient en moyenne une croissance de 11,9% des bénéfices des entreprises du S&P sur les trois mois écoulés, après une hausse de 8,5% au troisième trimestre, selon Thomson Reuters I/B/E/S.

Même en faisant abstraction du secteur de l'énergie, qui bénéficiera de comparatifs favorables, la hausse des bénéfices du S&P est prévue à 9,5%.

LES TECHS DONNENT LE TEMPO

Neuf des 11 indices sectoriels S&P ont fini en hausse vendredi avec en tête les technologiques dont l'indice a pris 1,18%, sa meilleure performance hebdomadaire depuis décembre 2016. Microsoft, Apple et Alphabet, la maison mère de Google, ont pris plus de 1%.

Seuls le compartiment de l'énergie et les valeurs des services aux collectivités ont fini en - très léger - repli de respectivement 0,02% et 0,01%.

Sur la semaine, l'indice de l'énergie a pris toutefois 3,9%, deuxième meilleure performance sectorielle après les techs (+4,2%), alors que les services aux collectivités ont cédé 2,5%, pénalisés par leur profil défensif.

Boeing, en hausse de 4,10%, a signé la meilleure performance du Dow Jones vendredi.

Parmi d'autres valeurs à se distinguer, Netflix a gagné 2,12% à 209,99 dollars après un record à 210,02. Le site de vidéo en ligne lancera le 12 janvier une émission d'une heure du journaliste vedette David Letterman, dont le premier invité sera l'ancien président Barack Obama.

Parmi les valeurs de second rang, le groupe de prêt-à-porter Francesca's Holdings a chuté de 20% après avoir dit s'attendre à une baisse de ses ventes ce trimestre.

Quelque 6,3 milliards d'actions ont changé de mains, soit la moyenne des 20 dernières séances selon les données de Thomson Reuters.

NOUVEAU SOMMET POUR LE MSCI MONDE

Les Bourses européennes avaient elles aussi fini en hausse, l'indice Stoxx 600 grimpant de 0,93% pour boucler sa meilleure semaine depuis avril (+2,1%). Londres et Zurich ont atteint de nouveaux records et à Paris le CAC 40 a pris 1,05%, pour un gain hebdomadaire de pratiquement 3%.

Avec la hausse de Wall Street, l'indice MSCI monde a atteint un nouveau record à 526,83 points, en hausse de 0,7%.

Sur le marché des changes, le dollar est reparti à la hausse après avoir faibli en réaction aux chiffres de l'emploi, les investisseurs estimant que la statistique n'empêchera pas la Fed de relever ses taux plusieurs fois encore cette année.

"C'est une déception mais le marché n'en a cure. La marge d'erreur sur ce chiffre est toujours importante", explique Paul Nolte, gérant chez Kingsview Asset Management à Chicago. "Il faudrait plusieurs mois sous 100.000 pour qu'on s'inquiète."

L'indice dollar s'octroyait 0,18% au moment de la clôture de Wall Street tandis que l'euro cédait 0,3% à 1,2028 dollar. Le yen reculait lui aussi de 0,3% à 113,10 pour un dollar.

Le rendement de l'emprunt à 10 ans, référence du marché obligataire, est monté à 2,4763% contre 2,453%.

Du côté du pétrole, le Brent est retombé de 0,7% à 67,59 dollars après avoir atteint la veille un plus haut depuis mai 2015 à 68,27 dollars.

(avec Sruthi Shankar à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)