Wall Street finit mitigée, entre inquiétude et bons résultats

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Les marchés boursiers américains ont fini en ordre dispersé vendredi mais bien au-dessus de leurs plus bas du jour, de bons résultats ayant compensé les doutes sur l'issue des discussions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.

L'indice Dow Jones, qui a cédé jusqu'à 1,14% en matinée, ne perdait plus en clôture que 63,2 points, soit 0,25%, à 25.106,33.

Le S&P-500, plus large, a pris 1,83 point, soit 0,07%, à 2.707,88 après un plus bas à 2.681,83. Quant au Nasdaq Composite, après avoir passé l'essentiel de la séance dans la rouge, il affichait en clôture une progression de 9,85 points, soit 0,14%, à 7.298,20.

Si de nouvelles discussions sino-américaines doivent débuter lundi à Pékin, Donald Trump a nourri les doutes des marchés dès jeudi en déclarant qu'il ne prévoyait pas de rencontrer son homologue chinois, Xi Jinping, avant la date butoir du 1er mars à laquelle les deux pays sont censés avoir conclu un accord commercial.

En cas d'échec des négociations, Washington prévoit de relever les droits de douane sur plusieurs centaines de produits importés de Chine aux Etats-Unis.

Le mouvement de baisse, marqué dès l'ouverture puisque le Dow est passé un temps sous ses moyennes mobiles à 100 et 200 jours, s'est atténué en fin de séance, permettant au S&P-500 comme au Nasdaq de repasser en territoire positif.

"Ce qui est anticipé, au vu de la manière dont s'est comporté le marché, c'est qu'il existe un risque d'assister à un nouveau relèvement des droits de douane mais que ce risque sera surmonté par un accord sous une forme ou sous une autre", explique John Stoltzfus, directeur des investissements d'Oppenheimer Asset Management à New York.

"Les indices ne traduisent pas une préoccupation extrême des investisseurs à ce stade."

Au-delà du dossier des tensions commerciales, les investisseurs ont dû prendre en compte jeudi la révision à la baisse des prévisions de croissance de la Commission européenne et de la Banque d'Angleterre et parallèlement, la dégradation des perspectives de résultats des sociétés cotées.

Les analystes anticipent en effet désormais une baisse des bénéfices du S&P-500 au premier trimestre par rapport aux trois premiers mois de 2018, ce qui serait une première depuis 2016.

Les volumes d'échanges n'ont représenté que 6,83 milliards de titres, contre 7,46 milliards en moyenne sur les 20 séances précédentes.

Sur l'ensemble de la semaine, le Dow gagne 0,17%, sa septième performance hebdomadaire positive d'affilée, tandis que le S&P-500 affiche une progression symbolique de 0,05% et le Nasdaq Composite gagne 0,47%.

VALEURS

Les préoccupations liées au commerce international ont pénalisé initialement les secteurs exposés au marché chinois, comme l'industrie mais le redressement général en deuxième partie de séance a permis à l'indice S&P de l'industrie de finir la journée sur un rebond de 0,12%.

Celui des hautes technologies a quant à lui repris 0,49% et l'indice de référence des semi-conducteurs a limité son repli à 0,12%.

La baisse des rendements obligataires a parallèlement pesé sur les valeurs sensibles à l'évolution des taux d'intérêt: le S&P des financières a perdu 0,55%.

Toujours pénalisé par la dégradation des perspectives de croissance économique, le compartiment de l'énergie affiche un recul de 0,72% sur la journée.

A la hausse, le groupe de parfums Coty a bondi de 32,15%, la meilleure performance du S&P-500, après avoir publié des résultats trimestriels supérieurs aux attentes.

Le géant du jouet Mattel et le spécialiste des réseaux Motorola Solutions ont eux aussi vu ses trimestriels applaudis avec des gains respectifs de 23,22% et 14,12%.

Autre soutien important au S&P-500, Electronic Arts, qui avait plongé mercredi après son avertissement sur résultats, a rebondi de 16,05% après avoir annoncé que son jeu Apex Legends avait attiré 10 millions de joueurs en trois jours.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont terminé la journée en territoire négatif, pénalisées elles aussi par les craintes sur le commerce et l'économie mondiale.

À Paris, le CAC 40 a fini en baisse de 0,48% à 4.961,64 points. Le Footsie britannique a abandonné 0,32% et le Dax allemand 1,05% avec la nouvelle chute de Wirecard (-12,54%) et le repli des valeurs automobiles.

L'indice EuroStoxx 50 a reculé de 0,48%, le FTSEurofirst 300 de 0,48% et le Stoxx 600 de 0,56%.

L'indice Stoxx de l'automobile, sensible aux craintes de montée du protectionnisme, a perdu 2,26%. A Paris, Valeo a signé la plus forte baisse du CAC (-5,28%).

Sur la semaine, le Stoxx 600 a perdu 0,43%, sa plus forte baisse hebdomadaire depuis sept semaines, et le CAC 40 a cédé 1,15%.

TAUX

La poursuite de la baisse des marchés actions, qui favorise les actifs les moins risqués, s'est traduite par une quatrième séance consécutive de repli des rendements des bons du Trésor américain.

En fin de séance, celui des Treasuries à dix ans cédait deux points de base à 2,634%, revenant à son niveau du 31 janvier. Celui des titres à 30 ans a quant à lui touché en séance son plus bas niveau depuis un mois à 2,971% avant de remonter à 2,974%.

En Europe, le rendement du Bund allemand à dix ans est passé sous le seuil de 0,1% pour la première fois depuis fin 2016.

CHANGES

L'"indice dollar", qui mesure les fluctuations de la monnaie américaine face à un panier de devises de référence, a enregistré sa cinquième séance consécutive de hausse avec une progression de 0,12% sur la journée, et il a atteint en séance son plus haut niveau depuis le 3 janvier.

Sur la semaine, il s'est apprécié au total de 1,1%, sa meilleure performance hebdomadaire depuis le mois d'août.

L'euro, pénalisé entre autres par la révision en nette baisse des prévisions de croissance de la Commission européenne jeudi, a cédé 0,16% face au dollar pour revenir à 1,1320 dollar au plus bas du jour, son plus bas niveau depuis le 25 janvier.

PÉTROLE

Les cours du pétrole ont terminé la journée en légère hausse mais reculent sur l'ensemble de la semaine, dominée par les craintes de ralentissement de la demande mondiale.

Le contrat mars sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a gagné huit cents, soit 0,15%, à 52,72 dollars le baril et le Brent a pris 47 cents (0,76%) à 62,10 dollars, plus d'un dollar au-dessus de son plus bas du jour (61,04).

Les investisseurs restent tiraillés entre la perspective d'un ralentissement de la demande mondiale et les freins potentiels à l'offre que constituent la réduction de la production de l'"Opep+" et les menaces de sanctions américaines visant le Venezuela.

Sur l'ensemble de la semaine, également marquée par la vigueur du dollar, qui pèse sur le prix du baril, le WTI a perdu 4,6% et le Brent 1,04%.

A SUIVRE LUNDI:

La première séance de la semaine sera animée entre autres par la première estimation du produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni au quatrième trimestre 2018, surveillée de près à l'approche de la sortie du pays de l'Union européenne.

(Avec April Joyner et Terence Gabriel à New York et Medha Singh à Bangalore)