Wall Street finit indécise malgré de bons indicateurs

PARIS (Reuters) - Wall Street a terminé la séance de mardi comme elle l'avait commencée, indécise, en dépit de statistiques qui ont été meilleures que prévu, de bons résultats dans la distribution et de l'espoir de voir résolu le différend commercial sino-américain dès ce mois-ci.

C'est sur le terrain des résultats de sociétés que semble se dessiner une ombre au tableau, tandis que l'indice S&P-500 n'arrive pas à progresser au-dessus d'une barre de résistance clé.

Une mauvaise nouvelle annoncée par General Electric a pu elle aussi contrebalancer les effets positifs d'autres faits du jour.

L'indice Dow Jones a perdu 13,02 points (0,05%) à 25.806,63 points. Le S&P-500, plus large, a cédé 3,16 points, soit 0,11%, à 2.789,65 points. Le Nasdaq Composite a laissé 1,21 point (0,02%) à 7.576,36 points.

La Bourse avait perdu du terrain la veille car l'indice S&P-500 n'avait pu se maintenir, pour la seconde fois, au niveau de la barre des 2.800 points.

"Lorsque le S&P-500 en arrive à un niveau aussi important, il vaut mieux effectivement que le marché se calme, qu'il fasse une pause, regarde la macro et la micro et se donne le temps de digérer les bonnes nouvelles", tempère Quincy Krosby, stratège marchés en chef de Prudential Financial.

Concernant le dossier commercial sino-américain, le secrétaire d'Etat Mike Pompeo a dit que le président Donald Trump rejetterait tout accord commercial qui ne serait pas parfait mais il ajouté que les Etats-Unis continuaient de travailler à un compromis avec Pékin.

"Il y a une certaine nervosité quant à l'issue des négociations commerciales", a déclaré Brian Yacktman (YCG Enhanced Fund).

L'indice S&P-500 a gagné 11% depuis le début de l'année et n'est plus qu'à 5% de son record de clôture du 20 septembre, grâce à l'attitude "patiente" de la Réserve fédérale et à l'espoir que Pékin et Washington puissent s'entendre.

"On a un joli rebond cette année mais les investisseurs doivent faire face à la réalité des bénéfices des sociétés qui continue de se dégrader", a dit Michael Geraghty, stratège actions de Cornerstone Capital Group.

Les analystes anticipent dorénavant une baisse des résultats de sociétés de 1,3% au premier trimestre alors qu'ils projetaient une hausse de 5,3% en début d'année, selon des données de Refinitiv. Ce serait leur premier recul depuis 2016.

Le volume a été de l'ordre de 6,9 milliards de titres échangés, en deçà de la moyenne quotidienne de 7,3 milliards des 20 dernières séances.

VALEURS

General Electric a fini la journée sur une perte de 4,72%. Le conglomérat a fait savoir mardi qu'il anticipait un cash flow tiré de son pôle industriel négatif cette année, en raison surtout de la mauvaise passe que traverse son segment énergie.

A l'inverse, Target et Kohl's ont gagné 4,6% et 7,3% respectivement, les distributeurs ayant projeté des résultats annuels supérieurs aux attentes.

Ils ont permis aux indices des biens de consommation non essentiels et de la distribution de progresser de 0,20% et de 0,26% respectivement, alors que la plupart des 11 grandes indices sectoriels S&P terminent en baisse.

LES INDICATEURS DU JOUR

La croissance de l'activité dans le secteur des services a accéléré plus que prévu en février, avec des entrées de commandes à leur meilleur niveau depuis près de 14 ans, montrent mardi les résultats de l'enquête mensuelle de l'Institute for Supply Management (ISM).

Les ventes de logements neufs aux Etats-Unis ont atteint en décembre leur meilleur niveau depuis sept mois, mais la forte hausse de novembre a été revue en baisse, dénotant des conditions de marché toujours faibles.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont fini en hausse mardi, portées par deux statistiques américaines supérieures aux attentes bien que les craintes sur la croissance chinoise et le commerce demeurent.

À Paris, le CAC 40 a terminé en hausse 0,21% à 5.297,52 points. Le Footsie britannique a gagné 0,69% et le Dax allemand a pris 0,24%. L'indice EuroStoxx 50 a avancé de 0,3%, le FTSEurofirst 300 de 0,24% et le Stoxx 600 de 0,15%.

L'indice Stoxx des télécoms a signé la plus forte progression sectorielle avec un gain de 0,71%. Le secteur automobile, qui dépend grandement de la demande chinoise, a été sous pression (-0,53%).

CHANGES

Le dollar a atteint un plus haut de deux semaines face à un panier de devises, porté par les statistiques du jour supérieures aux attentes.

L'euro a touché un plus bas de deux semaines face au billet vert, les cambistes pensant que la Banque centrale européenne (BCE) pourrait laisser supposer jeudi qu'elle va reporter sa première hausse des taux de l'après-crise et qu'elle lancera bientôt une nouvelle salve de crédits bonifiés à long terme au bénéfice du secteur bancaire.

L'indice du dollar est monté jusqu'à 97,008 avant de redescendre à 96,840, ce qui représente un gain de 0,16%.

L'euro est tombé à 1,12895 dollar avant de remonter à 1,1304, soit une perte de 0,29%.

TAUX

La hausse des rendements des Treasuries, consécutive aux indicateurs économiques américains parus dans la journée et aux solides résultats du distributeur Target, a tourné court en raison d'un regain d'appréhension face à l'évolution des discussions commerciales entre Pékin et Washington.

Le rendement de l'emprunt de référence à 10 ans est stationnaire à 2,72%.

Celui du papier à deux ans stagne pareillement à 2,55%.

PETROLE

Les cours du pétrole ont terminé en ordre dispersé mardi sur le Nymex, les traders tentant de faire le point de la situation entre les efforts déployés par l'Opep et ses alliés pour soutenir les cours et la reprise de la production du plus grand gisement libyen.

L'institut américain du pétrole (API) a annoncé que les stocks de brut américains avaient plus augmenté que prévu la semaine dernière, de 7,3 millions de barils à 451,5 millions, alors que les analystes n'attendaient qu'une hausse de 1,2 million de barils.

Les stocks d'essence ont eux diminué de 391.000 barils et ceux de produits distillés ont perdu 3,1 millions de barils. Les analystes projetaient des baisses respectives de 2,1 millions et 1,4 million de barils.

La statistique a amené les futures du brut à augmenter leurs pertes, tandis que ceux de l'essence ont réduit leurs gains et que ceux des distillats ont fléchi.

A SUIVRE MERCREDI 6 MARS :

Publication, à 19h00 GMT, du Livre Beige de la Réserve fédérale.

(Medha Singh et Amy Caren Daniel, Lewis Krauskopf, Richard Leong, Laila Kearney,; Wilfrid Exbrayat pour le service français)