Wall Street encore lestée par les "techs"

par Stephen Culp

NEW YORK (Reuters) - La Bourse de New York a encore été victime lundi, pour la première séance du deuxième trimestre, du puissant mouvement de vente à l'oeuvre sur les valeurs technologiques, auquel s'est ajouté un réveil des craintes de guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine.

L'indice Dow Jones a perdu 458,92 points (-1,9%), à 23.644,19. Le Standard & Poor's 500, plus large et principale référence des investisseurs, a cédé 58,99 points, soit 2,23%, à 2.581,88. En raison de sa forte composante technologique, le Nasdaq Composite a lâché davantage de terrain avec un recul de 2,74%, soit 193,326 points, à 6.870,119.

A peine sortis de leur premier trimestre de baisse depuis 2015, le Dow et le S&P-500 sont ainsi passés sous leur moyenne mobile à 200 jours, un seuil technique particulièrement surveillé, avant de réduire un peu leurs pertes dans les dernières minutes de la séance. Le S&P-500 a quand même fini sous cette moyenne pour la première fois depuis le 27 juin 2016.

Quant au Nasdaq, il est désormais lui aussi en baisse depuis le début de l'année.

"L'incapacité à tenir la (moyenne mobile) à 200 jours exerce une pression à la baisse sur le marché", dit Ryan Larson, responsable du trading actions aux Etats-Unis chez RBC Global Asset Management. "Alors que les fondamentaux ont tendance à être relégués à l'arrière-plan, les seuils techniques font partie des rares indicateurs auxquels s'accrochent les gens en période d'extrême volatilité."

Les deux grands facteurs à l'origine des difficultés de Wall Street depuis plusieurs semaines n'ont pas disparu avec le changement de trimestre: les géants de la technologie perdent de leur superbe et rien ne semble enrayer l'escalade entre Américains et Chinois sur le terrain commercial.

TRUMP CIBLE ENCORE AMAZON

La Chine a ainsi instauré des droits de douane supplémentaires pouvant atteindre 25% sur 128 produits américains, en riposte à la décision des Etats-Unis de taxer leurs importations d'aluminium et d'acier. A l'initiative de Donald Trump, les Etats-Unis sont en outre sur le point d'imposer des droits de douane sur plus de 50 milliards de dollars de marchandises chinoises.

Le président américain ne se contente pas de s'en prendre aux relations commerciales avec la Chine. Au cours du week-end, il a renouvelé ses attaques contre Amazon, qu'il accuse de bénéficier de tarifs trop avantageux de la part des services postaux américains et de ne pas payer assez d'impôts.

Le titre du géant du commerce en ligne a chuté de 5,2%.

Au-delà d'Amazon, ce sont une nouvelle fois toutes les vedettes des nouvelles technologies qui ont souffert ce lundi, avec des baisses de 3% pour Microsoft, 2,4% pour Alphabet ou encore 2,8% pour Facebook.

"Je crois qu'il s'agit avant tout d'un mouvement de vente alimenté par la 'tech' et ce que nous avons appris de ces deux dernières semaines, c'est à quel point les investisseurs sont surpondérés en technologie", dit Nicholas Colas, cofondateur de Datatrek Research. "Il y a désormais une remise à niveau fondamentale sur le degré d'exposition aux valeurs technologiques que les investisseurs sont prêts à supporter."

Les 11 grands indices sectoriels du S&P ont néanmoins tous fini assez nettement dans le rouge, pas seulement la "tech" (-2,5%).

Dans ce marasme général, Intel a en outre dû affronter des informations de presse selon lesquelles Apple s'apprête à se passer de ses processeurs pour équiper les ordinateurs Mac. L'action Intel a perdu 6,1%. Apple a cédé 0,7%.

Quant à Tesla, il a limité ses pertes après avoir flanché de 8%, à un plus bas d'un an, pour finir en repli de 5,1%. D'après le site spécialisé Jalopnik, le constructeur de voitures électriques a une nouvelle fois manqué ses objectifs de production pour sa berline Model 3 au premier trimestre mais le raté ne semble pas aussi grave que ne le craignaient certains investisseurs.

LE RENDEMENT À 10 ANS DES TREASURIES BAISSE ENCORE

Certaines valeurs se sont malgré tout distinguées à la hausse.

Cela a été le cas d'Humana (+4,4%). Des sources au fait du dossier ont fait état jeudi de discussions avec Walmart (-3,8%) en vue d'une alliance plus étroite entre l'assureur santé et le géant de la distribution.

Environ 7,71 milliards d'actions ont été échangées au cours de la séance sur les différents marchés américains, contre une moyenne de 7,29 milliards sur les 20 séances précédentes.

Alors que les principaux marchés étaient fermés en Europe en ce lundi de Pâques, le dollar a légèrement reculé face à un panier de devises de référence (-0,13%), en particulier face au yen, valeur refuge en période d'aversion au risque. L'euro est retombé aux alentours de 1,23 dollar (-0,16%).

Les investisseurs délaissant les actions, le rendement à 10 ans des emprunts du Trésor américain a reculé à 2,74% tandis que l'or a grimpé de plus de 1% à quasiment 1.341 dollars l'once.

(Avec Megan Davies à New York et Sruthi Shankar à Bangalore; Bertrand Boucey pour le service français)