Wall St réagit mal à l'espoir déçu d'une baisse des taux

PARIS (Reuters) - Wall Street a terminé la séance de mercredi en baisse, le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, ayant apparemment douché les espoirs de voir cette dernière abaisser les taux d'intérêt dans le courant de l'année.

La Réserve fédérale a observé le statu quo sur les taux mercredi et ne semble guère encline à les modifier dans un avenir proche, prenant acte d'une croissance économique qui se poursuit et de la solidité du marché du travail, tout en espérant toujours que l'inflation finira par monter puisque sa faiblesse actuelle est peut-être due, selon elle, à des éléments qui ne dureront pas.

"Nous estimons que notre politique monétaire est adaptée à la situation du moment; nous ne voyons guère de motif de la faire évoluer dans un sens ou dans l'autre", a déclaré Jerome Powell lors de la conférence de presse qui a suivi la fin de la réunion du Federal Open Market Committee (FOMC).

L'indice Dow Jones a perdu 162,77 points, soit 0,61%, à 26.430,14 points. Le S&P-500, plus large, a cédé 22,10 points (0,75%) à 2.923,73 points, mettant un terme à trois clôtures records d'affilée. Le Nasdaq Composite a perdu 45,75 points (0,57%) à 8.049,64 points à la clôture.

L'indice S&P-500 avait auparavant inscrit un nouveau record durant la séance, porté par Apple au lendemain de ses résultats trimestriels supérieurs aux attentes en dépit d'une baisse record des revenus tirés de l'iPhone.

Les traders des futures de taux courts ne croient plus autant que la Fed réduira les taux d'ici la fin de l'année même si cela reste leur hypothèse de base.

Powell a certes déclaré que si l'inflation persistait à rester en deçà de l'objectif de 2% fixé par la Fed celle-ci en serait préoccupée et "nous le prendrions en compte" dans la détermination de la politique monétaire.

Mais prié de dire si cela impliquait que la Fed réagirait en abaissant les taux, il a répondu: "Je ne peux vraiment pas être plus précis".

"Au fond, il a dit que 'nous ne sommes pas plus près de baisser les taux que nous ne l'étions auparavant' et cela a provoqué des dégagements", a dit Michael Antonelli, stratège de Robert W. Baird.

Le volume a été de 7,44 milliards de titres échangés contre une moyenne de 6,61 milliards sur les 20 séances précédentes.

VALEURS

Apple a réalisé la meilleure performance des valeurs composant le Dow Jones en engrangeant un gain de 4,9%.

Cinq valeurs de l'indice Dow Jones seulement terminent dans le vert.

Les 11 grands indices sectoriels ont fini dans le rouge à l'exception de l'immobilier (+0,04%)

Même l'indice des valeurs high tech, soutenu par Apple durant la plus grande partie de la séance, termine sur une perte, de 0,27%.

LES INDICATEURS DU JOUR

Le secteur privé aux Etats-Unis a créé 275.000 emplois en avril, leur nombre le plus élevé depuis juillet 2018 et nettement supérieur aux attentes, suivant les résultats de l'enquête mensuelle du cabinet privé ADP.

La croissance de l'activité manufacturière a décéléré en avril avec un indice des directeurs d'achat au plus bas depuis deux ans et demi, selon l'enquête mensuelle de l'Institute for Supply Management (ISM).

Enfin, les dépenses de construction aux Etats-Unis ont diminué de 0,9% en mars, un repli inattendu après trois mois de hausse qui touche aussi bien le privé que le public.

En Europe, où les marchés étaient fermés pour le 1er mai, Londres exceptée, l'indice manufacturier britannique IHS Markit/CIPS a ralenti à 53,1 en avril, conformément aux prévisions des économistes, après un pic de 13 mois à 55,1 en mars.

TAUX

Les déclarations de Jerome Powell sur le caractère momentané des facteurs peut-être à l'origine de la baisse de l'inflation ont fait remonter les rendements obligataires.

Ils avaient d'abord baissé en réaction au communiqué de la banque centrale où elle déclarait que la récente faiblesse de l'inflation risquait de durer plus que prévu.

"Powell renvoie à une inflation basse seulement momentanée", a dit Jim Vogel (FTN Financial). "Il semble également plus optimiste pour l'économie que ne l'est le communiqué".

Le rendement à deux ans s'inscrit à 2,31% après être tombé à 2,21% en réaction au communiqué, au plus bas depuis le 28 mars. Le rendement à 10 ans était à 2,51% après être tombé à 2,46%, au plus bas depuis le 1er avril.

Le spread entre les deux a diminué à 20 points de base après s'être creusé à 25 pdb, un plus haut depuis novembre.

CHANGES

Les déclarations de Jerome Powell, qui ne laissent guère présager d'une baisse des taux cette année, ont soutenu un dollar auparavant en baisse en raison d'un indice manufacturier décevant.

Son indice mesurant ses variations face à un panier de six devises de référence prenait 0,14% à 97,64.

Les futures de taux indiquent que les traders fixent à 55% la probabilité d'une baisse des taux d'ici la fin de l'année contre 66% mardi soir, selon l'étalon FedWatch de CME Group.

L'euro, qui avait augmenté ses gains de la veille avant la conférence de presse de Powell, atteignant un pic d'une semaine de 1,125 dollar, revenait stable à 1,1193 dollar.

PETROLE

Les cours ont terminé en ordre dispersé mercredi sur le Nymex en réaction à une hausse plus forte que prévu des stocks de brut américains avec une production locale qui a atteint un nouveau record de 12,3 millions de barils par jour (bpj).

(Caroline Valetkevitch, Karen Brettell, Richard Leong, Laila Kearney; Wilfrid Exbrayat pour le service français)