Vuelta: comment l’UCI tente de lutter contre le dopage mécanique
Le très sensible sujet du dopage mécanique revient sur le devant de la scène, Dimanche dans les Grandes Gueules du Sport sur RMC, Jérôme Pineau ancien coureur professionnel et ancien directeur sportif de la formation B&B Hotels, s’est interrogé sur les performances éclatantes de l’équipe Jumbo-Visma, dont trois coureurs occupent les trois premières places du classement général (Sepp Kuss devant Primoz Roglic et Jonas Vingegaard).
Jusqu'à un an de suspension si un coureur refuse un contrôle
"Ce qui me dérange, c’est le manque de clarté au niveau des budgets et la non-mise en place du salary cap, a-t-il lancé. Les instances internationales sont en train de tuer notre sport. Elles laissent faire trop de choses, elles sont à la botte de ces grandes équipes. C'est ça le danger. Après, on suspecte ce qu’on veut. On voit des images… Je ne parle pas de dopage mais de pire que ça. Mécanique? Oui, mécanique."
Dans son argumentaire, Pineau suspecte les décideurs de fermer les yeux. "On peut rappeler que certaines instances ont besoin d’argent pour vivre, a-t-il poursuivi. C’est mon sport, j’en vis et j’en ai vécu. C’est ma passion, mais j’ai peur, ça m’inquiète grandement. Je vois des choses…" Dans son règlement, l’UCI prévoit bien des sanctions en cas de non-conformité des vélos pendant les courses, depuis l’élection en 2013 de Brian Cookson.
"La propulsion de la bicyclette est assurée uniquement par les jambes (chaîne musculaire inférieure) dans un mouvement circulaire à l’aide d’un pédalier sans assistance électrique ou autre", rappelle le 1.3.010
"Le contrôle de l’équipement qui pourrait être effectué par les commissaires, un mandataire ou une instance de l’UCI (est) limité à sa conformité avec les exigences purement sportives et techniques, détaille aussi l’article 1.3.003. Au besoin, le contrôle de l’équipement et du matériel peut être effectué avant, pendant ou après la course, à la requête du président du collège des commissaires, d’un mandataire ou d’une instance de l’UCI. A cet effet, les commissaires de l’UCI peuvent saisir le matériel pour un contrôle ultérieur, si nécessaire avant, pendant ou après la course, que le matériel ait été utilisé pendant la compétition ou non. Dans le cas où le matériel saisi n’est pas conforme au règlement UCI, l’UCI peut conserver le matériel concerné jusqu’à la fin d’une éventuelle procédure disciplinaire, le cas échéant."
L’article 1.3.003 bis prévoit une suspension allant d’un mois à un an et/ou une amende de 1.000 (956 euros) à 100.000 francs suisses (95.600 euros) pour les coureurs ou équipes qui se soustraient ou refusent un contrôle de matériel. L'article 1.3.005 liste, lui, les sanctions en cas de contrôle anormal. "Si, lors du départ d’une épreuve ou étape, le collège des commissaires estime qu’il y a une nouveauté technique ou du matériel non encore acceptée par l’UCI, il refuse le départ au coureur qui ne renonce pas à l’utilisation de la 'nouveauté'. En cas d’utilisation en cours d‘épreuve, le coureur est mis hors compétition ou disqualifié. La décision du collège des commissaires est sans appel. (...) La commission disciplinaire ne statuera qu’après avoirreçu l’avis de la commission matériel."
Elu en 2017, le Français David Lappartient a mis en place une commission matériel et lutte contre la fraude technologique. "Nous utiliserons bien sûr les rayons X, les caméras thermiques, les démontages des vélos mais il y a aussi d'autres technologies qui peuvent être utilisées", avait expliqué le dirigeant en 2018.
L’UCI est régulièrement attaquée sur ces sujets, certains expliquant que ses contrôleurs ne cherchent pas dans la bonne direction ou qu’ils ne parviennent pas à déceler un système indétectable. Lors du Tour de France 2021, trois coureurs avaient enquêté après avoir attendu des bruits mécaniques suspects dans le peloton, sans parvenir à définir des preuves et leurs provenances. La fédération internationale s’était défendue en 2016 après la diffusion d’un reportage sur Stade 2, suspectant l’utilisation de "vélos à moteur". Elle se défend à chaque fois en assurant des contrôles réguliers. Mais les cas avérés restent rares (la Belge Femke Van den Driessche aux mondiaux de cyclo-cross en 2016 notamment). La suspicion, elle, grandit toujours.