Vue de Davos, la polarisation des sociétés accroît les risques

par Ben Hirschler LONDRES (Reuters) - Les fractures de plus en plus nettes au sein des sociétés, la montée du populisme et les craintes liées au changement climatique figurent en tête de la longue liste des risques auxquels sont confrontés les responsables politiques et économiques qui se réuniront la semaine prochaine à Davos. La réunion annuelle du Forum économique mondial dans la station des Alpes suisses ne pourra que constater les énormes changements survenus depuis sa précédente édition avec l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis et le vote britannique pour la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, deux illustrations éclatantes du désenchantement croissant des électeurs vis-à-vis de la mondialisation. Et de ce point de vue, l'année 2017 s'annonce elle aussi porteuse de risques, avec les élections à venir aux Pays-Bas, en France puis en Allemagne et peut-être en Italie, autant d'opportunités pour les partis anti-élites. A quelques jours de la réunion de Davos, du 17 au 20 janvier, le rapport du Forum économique mondial (WEF) désigne la montée des disparités de revenus et de fortune comme la tendance la plus susceptible d'influencer les évolutions politiques et économiques globales au cours de la prochaine décennie. Et s'il estime que l'économie mondiale devrait continuer de croître cette année, entre autres grâce aux baisses d'impôts et aux dépenses publiques d'infrastructures promises par Donald Trump aux Etats-Unis, la menace du protectionnisme constitue un risque croissant sur le long terme. Parallèlement, le risque climatique risque de gagner en intensité, la future administration américaine étant susceptible de remettre en cause les politiques de réduction des émissions à effet de serre. Les événements climatiques extrêmes sont ainsi désormais considérés comme le plus important risque global en terme de probabilité. VERS UN IMPACT ACCRU DE RISQUES DÉJÀ CONNUS "Bon nombre de ces risques ont été mis en avant dans des rapports précédents mais désormais, ils évoluent dans la direction d'un impact accru", souligne Cecilia Reyes, directrice du risque de Zurich Insurance et co-auteure du rapport. Quelque 3.000 participants sont attendus à Davos la semaine prochaine, parmi lesquels Xi Jinping, premier président chinois à participer à l'événement, et la Première ministre britannique, Theresa May. La chancelière allemande, Angela Merkel, le président français, François Hollande, et le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, ont en revanche décidé de ne pas s'y rendre. Donald Trump, qui doit prendre ses fonctions le 20 janvier, sera lui aussi absent. Mais son slogan de campagne, "Rendre sa grandeur à l'Amérique", devrait être au centre de nombreux débats, tout comme les interrogations que suscite sa future politique au Moyen-Orient ou en matière de lutte contre le terrorisme. Autre risque mis en avant: la robotisation progressive de l'économie et les menaces qu'elle fait peser sur l'emploi. Le rapport du WEF estime ainsi que l'intelligence artificielle et la robotique sont les technologies qui auront les conséquences - positives ou négatives - les plus importantes. Il ajoute que sans gouvernance efficace et sans politique active de formation des salariés, le progrès technologique pourrait détruire plus d'emplois qu'il n'en crée, alors même que les Etats n'ont plus les moyens financiers de maintenir les politiques sociales en vigueur ces dernières décennies. Le rapport analyse au total 30 risques globaux (parmi lesquels les bulles financières et les vols de données) et 13 tendances de fonds à un horizon de dix ans, sur la base d'une enquête auprès de 750 experts et décideurs. (Marc Angrand pour le service français)