On a vu à Cannes : « Acide », avec Guillaume Canet, thriller sur l’urgence climatique
FESTIVAL DE CANNES - En 2023, les films sur les catastrophes naturelles changent de registre. Avec Acide, le réalisateur français Just Philippot, veut faire réfléchir (et frémir) face à l’urgence climatique. Le film, avec Guillaume Canet et Lætitia Dosch en tête d’affiche, a été présenté au Festival de Cannes hors compétition, et sortira au cinéma le 20 septembre.
Il raconte l’histoire d’un couple divorcé et de Selma, leur fille de 15 ans, qui tentent tous les trois de survivre à une catastrophe climatique dévastatrice. Des nuages de pluie acide s’abattent sur le haut de la France et les gouttes brûlent tout sur leur passage : la végétation, les animaux, la carrosserie des voitures, et évidemment la peau.
Pendant 1 heure 40, Acide suit la course contre la montre de cette famille qui cherche à tout prix un abri, mais qui est toujours rattrapée par cette pluie mortelle. Sur le papier, c’est un film catastrophe comme il y en a déjà eu beaucoup. Mais Acide frappe fort par son réalisme.
Un réalisme angoissant
Just Philippot n’a pas employé de gros effets spéciaux ou d’explosion spectaculaire comme dans les superproductions américaines. Le film est angoissant car le spectateur n’a presque aucun effort à faire pour s’imaginer à la place des personnages et pourrait bien se dérouler en 2023.
L’histoire démarre en pleine canicule au mois de mars vers Arras, dans un contexte de crise économique. Michal, joué par Guillaume Canet, est sous contrôle judiciaire après un violent affrontement avec des CRS dans son usine pendant une grève.
Les scènes montrant des réfugiés climatiques qui fuient leur domicile, valise à la main, rappellent celles que l’on voit déjà au Bangladesh ou au Pakistan. L’eau, devenue toxique, est une denrée rare, et l’État met en place un confinement.
Une jeunesse condamnée
Comme un exemple de la jeune génération née avec l’urgence climatique, Selma, jouée par l’actrice Patience Munchenbach, est forcée de grandir trop vite. Au début du film, elle regarde avec inquiétude les chaînes d’information en continu qui alertent sur ces nuages acides en Amérique Latine. Son père préfère éteindre la télévision.
Même s’ils font tout pour la protéger une fois la catastrophe arrivée, les parents de Selma sont impuissants face à la gravité de la situation. Certaines scènes du film apportent une lueur d’espoir en montrant cet amour familial, qui pousse parfois au sacrifice.
Mais en dehors du noyau familial, s’il y a bien quelques scènes d’entraide et de solidarité, il y a surtout beaucoup de comportements violents et égoïstes. Pour survivre, certains adoptent la règle du chacun pour soi et refusent d’ouvrir leur porte. Acide met en scène un scénario aussi catastrophique pour la planète que pour la société.
Tournage écoresponsable
Dans son premier long-métrage, La Nuée, sorti en 2020, Just Philippot mélangeait déjà drame social et film apocalyptique en racontant l’histoire d’une agricultrice en faillite, qui se lançait dans l’élevage de sauterelles.
Avec Acide, il alerte sur l’urgence climatique, devant comme derrière la caméra. Le film a reçu le prix Ecoprod France, créé en 2022, qui récompense les longs-métrages produits de la manière la plus écoresponsable possible.
L’empreinte carbone du film, et des équipes de tournage, a été réduite au maximum. Et même si la nature apparaît complètement détruite à l’écran, le réalisateur a privilégié des effets visuels numériques pour préserver les lieux de tournage, non pas des pluies acides, mais bien de l’impact de l’homme.
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