Le vrai bidonville de «Slumdog Millionaire»

Dans le "slum" où Danny Boyle a tourné son film nominé dix fois aux Oscars, Match avait suivi la vie réelle de deux frères et leur sœur, Asmin, Ash et Lal. Retour sur ce reportage à l'occasion de la diffusion du film ce mardi 21 juin sur NRJ 12.

L’air rêveur, la tête appuyée sur ses bras croisés, Lal Mohammed, 8 ans, contemple la partie de cricket qui se joue à ses pieds. Depuis la terrasse de ciment où il vient de grimper, il voit, par-delà les toits de tôle, la ville et les hauts immeubles du quartier de Juhu, les immenses panneaux où s’étalent des publicités colorées et les affiches des derniers succès de Bollywood. Et, passé le marais qui borde le slum au sud et à l’ouest, l’héliport. C’est sur cette piste d’atterrissage que les deux petits héros du film de Danny Boyle, Jamal et son grand frère Salim, émerveillés, regardent atterrir leur idole, un acteur de cinéma à la chevelure abondante. C’est ici aussi qu’ils se font vertement tancer par les policiers pour avoir enfreint les règles de sécurité.

Lal Mohammed n’a jamais traversé le marais jusqu’à l’héliport. Il n’a pas vu ce fameux film dont on parle tant dans les journaux qu’il ne lit pas encore. Mais il y a un an, pendant quelques jours, il a vu des caméras, des projecteurs et des câbles envahir les ruelles de son slum à lui. Pour que soit tournée l’histoire du fabuleux destin d’un enfant de son âge et de sa condition qui, une fois adulte, deviendra millionnaire grâce à un jeu télévisé. Lal n’a pas la télévision. Là, en bas, les «grands», les ados fêtent, en criant, un bon «run» couru sur la pelouse couverte de détritus et d’excréments, dont la chaleur accentue la pestilence, et sur laquelle les sacs-poubelle pleuvent sans prévenir. Lal descend de son promontoire pour aller les rejoindre sur ce terrain vague, à la fois terrain de jeux, décharge et parfois toilettes à ciel ouvert.

Ils sont cinq à vivre dans dix mètres carrés, bientôt six

A Bombay, où vivent plus de 16 millions de personnes, les slums(...)


Lire la suite sur Paris Match