« Le voyage d’Érasme » : conter l’Europe pour mieux la vivre

« Et si on offrait à chaque Européen une fleur bleue avec un parfum magnifique, qui apaise. Tu crois qu’ils aimeraient l’Europe ? »

La question est posée par Érasme, petit personnage mystérieux rencontré par l’auteur dans le désert du Danakil. Avec ses questions naïves, évidentes ou philosophiques, ce clone du Petit Prince amène le narrateur à s’interroger sur cette Europe si difficile à raconter. Ou plutôt à conter.

Frank Gouéry y parvient dans un court ouvrage aussi poétique qu’informatif. Avec, en toile de fond, la principale question qui traverse les Europhiles convaincus : pourquoi les Français (entre autres peut-être, mais c’est d’eux surtout dont il s’agit) ne comprennent-ils pas l’Europe et ses institutions ? Pourquoi s’en méfient-ils ?

En racontant à son ami le fennec ses rencontres avec un universitaire, une historienne, un homme d’affaires, une jardinière, des chefs d’État et toute une galerie de personnages burlesques, Érasme dresse un portrait sans concession d’une Europe loin d’être parfaite, mais indispensable.

À l’aube d’une élection européenne qui promet encore un taux d’abstention conséquent, les pistes de réponses esquissées par un petit personnage mystérieux sont d’autant plus salutaires. Et l’envoûtant parfum de sa fleur bleue aide à penser calmement cette si longue histoire qui justifie de réfléchir à deux fois avant de mettre son bulletin dans l’urne.

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