Sans le vouloir, ce traité a retardé de 15 ans la fonte du pôle Nord

Le protocole de Montréal, signé en 1987, avait pour objectif de préserver la couche d’ozone. On apprend désormais qu’il a aussi été particulièrement utile pour ralentir le changement climatique.

CLIMAT - Les scientifiques nous apportent une bonne nouvelle sur le climat. Selon une étude publiée dans la revue scientifique PNAS, le Protocole de Montréal, signé en 1987, a considérablement retardé les effets du changement climatique au pôle Nord… Alors qu’il était pensé pour réduire le trou de la couche d’ozone, au-dessus du pôle Sud.

Des chercheurs des universités de Santa Cruz, Columbia et Exeter estiment que ce traité a permis malgré lui de retarder de 15 ans le premier été arctique sans glace. Cet évènement marqueur du changement climatique est actuellement prévu pour le milieu du siècle, alors qu’il aurait pu arriver d’ici quelques années seulement.

Un traité contre le trou dans la couche d’ozone

Pourtant à l’origine le Protocole de Montréal n’avait pas été pensé pour le climat mais pour préserver la couche d’ozone. En 1985, l’humanité apprend qu’un trou s’est formé dans l’atmosphère au-dessus de sa tête. Plus grave encore, ce trou s’agrandit de manière inquiétante d’année en année. Une catastrophe causée par les chlorofluorocarbures, des gaz utilisés depuis les années 30 dans les produits du quotidien comme les réfrigérateurs, les climatiseurs ou encore les aérosols.

C’est un choc général, car la couche d’ozone est indispensable à la survie de l’humanité. Il faut agir vite pour ne pas voir le trou s’agrandir encore plus et espérer inverser la tendance. En l’espace de deux ans, une trentaine d’États s’accordent pour réduire drastiquement leur utilisation des produits dangereux pour la couche d’ozone, et l’inscrivent noir sur blanc dans le Protocole de Montréal.

Par la suite de plus en plus de pays décident de le signer, de sorte qu’en 2009, le Protocole de Montréal devient le premier traité environnemental à atteindre la ratification universelle, avec 196 États signataires. Le trou dans la couche d’ozone se résorbe désormais, progressivement. Mais le Protocole de Montréal a aussi été particulièrement efficace pour le climat.

Pas d’été sans glace au pôle Nord avant 2050

« Nos résultats démontrent clairement que le protocole de Montréal a été un traité de protection du climat très puissant et qu’il a fait bien plus que guérir le trou de la couche d’ozone au-dessus du pôle Sud » affirment les chercheurs des universités de Santa Cruz, Columbia et Exeter dans leur étude.

En comparant des modèles climatiques de ce qu’aurait été la planète sans ce traité et de ce qu’elle est aujourd’hui, ils ont constaté que la limitation des SAO, les substances appauvrissant la couche d’ozone, dont les CFC constituent la majeure partie, a eu un effet non négligeable sur le climat.

Sans leur réduction drastique, les scientifiques estiment que la planète se serait réchauffée de 0,5 °C supplémentaire d’ici 2050. Pire encore, la calotte polaire de l’Arctique serait presque 1 ◦C plus chaude que prévu.

Comme vous pouvez le voir sur la figure ci-dessous, les conséquences sur la glace sont impressionnantes. Les chercheurs estiment que 1 000 tonnes d’émissions de SAO en moins permettent de préserver environ 7 km2 de glace en Arctique.

Selon l’étude, 1 000 tonnes d’émissions de SAO évitée permet de préserver environ sept kilomètres carrés de glace de mer dans l’Arctique.
Selon l’étude, 1 000 tonnes d’émissions de SAO évitée permet de préserver environ sept kilomètres carrés de glace de mer dans l’Arctique.

Car au-delà de détruire la couche d’ozone, les SAO ont un effet de serre très puissant. Par exemple, les CFC (chlofluorocarbures) ont, à masse égale, un pouvoir réchauffant 5.000 à 14.000 fois plus élevé que le dioxyde de carbone (CO2), principal gaz à effet de serre responsable du changement climatique. Une fois qu’ils se retrouvent dans l’atmosphère, les SAO ont aussi une durée de vie particulièrement longue.

Leur limitation a permis de ralentir le changement climatique, mais bien entendu pas de l’inverser. À cause des activités humaines, la planète s’est déjà réchauffée de 1,1 °C en moyenne depuis l’ère préindustrielle, ce chiffre grimpe jusqu’à 2,2°C pour le continent européen. D’ici la fin du siècle, le scénario privilégié par les scientifiques et le gouvernement est celui d’une France où le thermomètre s’est élevé de 4 °: autrefois un scénario du pire devenu plus que probable.

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