Vosges : une famille porte plainte contre un hôpital après la mort suspecte d'une sexagénaire

Martine Souque est morte le 29 juillet 2022 à l'hôpital de Remiremont, dans les Vosges. Sa famille a déposé plainte pour homicide involontaire contre le centre hospitalier. - BFMTV

Martine Souque est morte le 29 juillet à l'hôpital de Remiremont où elle avait été admise pour une opération du fémur. Constatant des "incohérences" dans les circonstances du décès, sa famille a déposé plainte pour "homicide involontaire".

"Des explications nébuleuses", "de nombreuses incohérences"... La famille de Martine Souque tente de percer les zones d'ombre qui entourent la mort de la sexagénaire survenue dans la nuit du 28 au 29 juillet à l'hôpital de Remiremont, dans les Vosges. Après trois mois d'intense réflexion, elle a déposé plainte le 9 novembre dernier pour "homicide involontaire" contre le centre hospitalier, révèle Vosges Matin.

"On attend que des investigations soient menées pour faire la lumière sur les circonstances étranges de la mort de notre mère. Cela ne nous la ramènera pas, mais si l'hôpital a été négligent, il doit répondre de ses actes", témoigne auprès de BFMTV.com Angélique Souque, l'une des plaignantes.

Dégradation subite

Martine Souque, 67 ans, est admise à l'hôpital de Remiremont, près d'Epinal, le 22 juillet après "un accident tout bête". "Elle s'est pris les pieds dans l'anse de son sac à main, elle est tombée et s'est cassé le fémur", retrace sa fille de 44 ans.

Elle doit subir une opération bénigne mais les antécédents médicaux de Martine Souque exigent des précautions. En 2014, elle a été greffée des deux poumons et est depuis soumise à un traitement antirejet très strict.

L'hôpital en est informé et tout semble se dérouler correctement. La sexagénaire sort de son opération du fémur "un peu dans les vappes mais plutôt en forme", explique Angélique Souque. Mais au fil des jours, son état semble se dégrader. Elle est d'abord transfusée car anémiée. Un autre jour, elle se plaint aux équipes médicales d'un mal de dos persistant, un kinésithérapeuthe la trouve essoufflée, l'une de ses filles constate qu'elle a une jambe gonflée... "On nous dit qu'il n'y a rien d'alarmant", résume Angélique. Jusqu'à cet appel du 29 juillet, à 7 heures du matin.

"L'hôpital nous prévient que ma mère est en train d'être réanimée mais qu'il y a peu d'espoir. On tombe des nues car on passe d'une situation où il n'y a rien de grave à une dégradation subite et inexpliquée", poursuit cette mère de deux enfants.

"Appelez le service des réclamations"

A 9 heures, quand l'époux et les enfants de Martine arrivent dans le service, ils apprennent qu'elle est morte d'un arrêt cardiorespiratoire et que "sa chambre a déjà été vidée et asceptisée...", souffle Angélique, encore sonnée.

Ils sollicitent l'équipe de nuit afin de comprendre ce qui s'est passé mais se retrouvent face à des murs. Les médecins et infirmiers les reçoivent mais n'apportent aucune réponse à leurs interrogations, affirme la famille. "Des décès on en a tous les jours, on n'en connait pas toujours la cause", lui aurait-on dit.

Un autre membre de l'équipe médicale lui aurait lancé : "Je n'ai rien à vous dire, appelez le service des réclamations". "Je lui ai répondu qu'on avait pas perdu un sac à main ! On ne cherchait pas les histoires, on voulait juste comprendre ce que ma mère avait vécu la nuit de sa mort", s'agace-t-elle.

Négligence ?

Angélique accède finalement au dossier médical de sa mère et découvre des "incohérences". "Selon les transmissions des infirmiers rapportées dans le dossier, un électrocardiogramme a été réalisé à 02h32 et non pas à 6 heures comme on nous l'a dit. A 04h15 ma mère a appelé pour se plaindre de douleurs au thorax. Et plus rien jusqu'à 7 heures, sauf qu'à cette heure-ci sa température corporelle était déjà tombée à 33°C, donc on peut imaginer qu'elle était morte depuis un petit moment."

"Pourquoi une femme aux lourds antécédents médicaux et qui se plaint toute la nuit de douleurs est-elle restée sans surveillance pendant trois heures ?", questionne Angélique Souque.

"L’hôpital a des comptes à rendre et des explications à fournir mais cette famille se heurte à un mur, elle est forcée de s’adresser à la justice", affirme Maître Nancy Risacher, l’avocate de la famille Souque à France 3 Grand Est. Contacté par BFMTV.com, Dominique Cheveau, directeur des centres hospitaliers d'Epinal et de Remiremont, reconnaît "une erreur de communication dans cette affaire sensible".

"Nous sommes désolés de la tournure de la situation. Le chef du service et moi-même sommes tout à fait disposés à recevoir la famille de Mme Souque pour tenter de répondre à toutes leurs questions, même si cette réaction arrive certes un peu tard", nous affirme-t-il. Et de conclure : "Sur cette communication, on aurait certainement pu faire mieux."

Article original publié sur BFMTV.com

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