Voici les pires pays en matière de droit des femmes

Les talibans ont interdit aux femmes de travailler dans des organisations non-gouvernementales en Afghanistan, restreignant encore davantage leurs libertés. Mais ce pays n’est pas le seul à porter atteinte aux droits des femmes.

Les femmes ont de moins en moins de droits en Afghanistan. Dernier camouflet en date : le 24 décembre dernier quand le ministère de l’Economie du pays leur a interdit de travailler dans des organisations non-gouvernementales (ONG). En cause, des "plaintes sérieuses" indiquant que celles qui y travaillaient ne respectaient pas le port du hijab islamique. Moins d’une semaine avant, les talibans qui avaient promis une certaine souplesse lors de leur retour au pouvoir en août 2021, ont annoncé que les universités seraient interdites aux jeunes femmes, déjà privées d’enseignement secondaire et exclues de la plupart des emplois publics.

"En dépit de courageuses actions de protestation menées par des femmes dans le pays tout entier, les talibans sont déterminés à bâtir une société où les femmes sont considérées comme des citoyens de seconde zone", note Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International. Et malheureusement, l’Afghanistan est loin d’être le seul pays à porter atteinte aux droits des femmes.

Une autorisation pour travailler

L’accès à l’éducation, déjà difficile dans de nombreux pays, l’est encore plus pour les jeunes filles. Le Soudan détient le record de la plus faible proportion de filles scolarisées, d’après l’ONG ONE. "Pour 100 garçons, seules 75 filles sont inscrites à l’école primaire, souligne l’UNICEF. Moins d’un pour cent de ces filles suit l’école d’un bout à l’autre. L’analphabétisme féminin est le plus élevé au monde”. Or sans formation, ces jeunes femmes sont privées d’un avenir meilleur. La République Centrafricaine, le Niger, l’Afghanistan, le Tchad, le Mali et la Guinée suivent dans le bas du classement.

Le travail, source de revenu, est un premier pas vers l’indépendance des femmes que de nombreux pays ne veulent pas franchir. Le rapport Women, Business and the Law de la Banque mondiale rappelle que les femmes doivent avoir l’accord d’un homme de leur entourage pour travailler dans 18 pays du monde dont l’Iran, l’Arabie saoudite, le Yémen ou le Qatar. Il en était de même en France jusqu’au 13 juillet 1965, date à laquelle les femmes mariées ont été autorisées à travailler sans l’autorisation de leur époux et à ouvrir un compte bancaire.

Des soins soumis à l'aval du mari

Mari, père, voire petit-frère, les femmes qui vivent au Qatar, en Arabie saoudite, en Mauritanie, en Guinée, au Pakistan, au Yémen ou au Bengladesh doivent obtenir l’accord d’un tuteur masculin pour se marier, des tâches de la vie courante, et parfois pour bénéficier de soins médicaux tels que des frottis ou des examens gynécologiques. Une jeune Qatarie de 20 ans raconte à Human Rights Watch avoir dû mentir pour se faire soigner. “Je souffrais tellement que le médecin croyait que j’avais un kyste ovarien qui s’était rompu, explique-t-telle. Mais ils ne voulaient pas me faire une échographie vaginale sans certificat de mariage.” Un ami s’est fait passer pour son mari pour qu’elle accède aux soins.

Les femmes ne sont pas non plus libres de disposer de leurs corps partout dans le monde. L’interruption volontaire de grossesse (IVG) est notamment interdite dans une vingtaine de pays comme au Congo, en Egypte, à Djibouti, au Gabon, au Honduras ou aux Philippines. Plus récemment, aux Etats-Unis, l’abrogation de la jurisprudence Roe vs Wade permet à certains Etats américains d’interdire cette pratique.

Le contrôle des déplacements et des habits

Les femmes sont aussi limitées dans leur déplacement dans certains pays, contrairement aux hommes. Human Rights Watch a par exemple constaté que les femmes qataries peuvent faire l’objet d’une interdiction de voyager, quel que soit leur âge, par leur mari ou par leur père. Si elles ne sont pas mariées et ont moins de 25 ans, elles doivent obtenir la permission de leur tuteur pour voyager à l’étranger.

Des tenues vestimentaires sont également parfois imposées, comme c'est le cas en Iran. Une vague de contestations a submergé le pays depuis le décès de Mahsa Amini, une étudiante de 22 ans, trois jours après son arrestation par la police des moeurs. Il lui était reproché d’avoir enfreint le code vestimentaire de la République islamique, en portant mal son voile. L’ONG Iran Human Rights dénombre 476 manifestants tués depuis le début du mouvement, à la mi-septembre 2022. Le mouvement, parti de la défense du droit des femmes, s'est propagé à l'ensemble de la population. Un Iranien de 38 ans vivant à Lyon s’est suicidé lundi 26 décembre pour dénoncer la situation dans son pays d'origine.

VIDÉO - Rétrospective 2022 : trois mois de contestations en Iran