Vivre à crédit

“Achetez maintenant, payez plus tard !” Partout dans le monde, les applications sur mobile permettant un paiement différé se multiplient. Dans un contexte d’inflation galopante, ils sont de plus en plus nombreux, parmi le public, à se laisser tenter, au risque de finir surendettés, voire d’être pris à la gorge par des usuriers sans scrupule.

En Chine, les jeunes sont les principales victimes de ces prêts en ligne qui favorisent les dépenses à outrance et la consommation à crédit. C’est ce que raconte l’article qui ouvre notre dossier cette semaine. Il a été repéré par nos journalistes sur Weixin, le moyen de communication le plus populaire en Chine – qui est aussi une plateforme de blogs offrant un espace de relative liberté.

“Contrairement à l’ancienne génération, qui cherchait à épargner en prévision des vieux jours, explique l’auteur, les jeunes n’hésitent pas à ‘assouvir leurs rêves d’aujourd’hui avec l’argent de demain’, un véritable mode de vie.” Et un véritable engrenage, comme en témoignent plusieurs jeunes cités dans l’article, qui ont souvent multiplié les crédits en ligne avant de crouler sous les dettes. Il faut dire que la tentation est à portée de main : Ant Credit Pay, Baitiao, 360 Jietiao… Les plateformes de crédit en ligne se sont multipliées dans le pays. “Comme leurs offres sont beaucoup plus accessibles, elles facilitent la vie des adeptes de la consommation à crédit”, explique encore l’auteur.

À partir de cet article, nous avons voulu mesurer l’étendue du problème. Le phénomène ne concerne pas que la Chine, loin de là : au Royaume-Uni, “le recours à ce type d’emprunt, important chez les jeunes de 18 à 24 ans, s’étend aux seniors, dont le pouvoir d’achat est rogné par l’inflation”, notait le Financial Times en début d’année. Au Canada, l’engouement pour les applications de paiement différé est aussi phénoménal, note le site ­financier PaymentsJournal.

En Inde (selon un documentaire de la BBC), ou au Kenya, comme l’expliquait l’an dernier un article du Guardian, le boom de ces applications profite aussi à des usuriers qui n’hésitent pas à harceler, voire à menacer les emprunteurs qui ne remboursent pas en temps voulu. De quoi conforter ceux qui appellent à réguler un secteur en pleine croissance, “deux fois supérieure à celle des transferts bancaires”, relève Forbes. “Aujourd’hui, explique le magazine, le fait que le BNPL [Buy Now Pay Later] ne soit plus réservé aux achats exceptionnels comme les machines de fitness ou les vêtements de luxe, et même qu’il soit devenu un moyen de consommer comme un autre, rend la mise en place de règles indispensable.”

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