"Vite fait, bien fait": les avocats de Donald Trump demandent au jury d'acquitter l'ex-président

Se tenaient ce mardi 28 mai à New York les plaidoiries finales du procès pénal de Donald Trump, une première pour un ancien président des États-Unis. Alors que les 12 jurés devront décider si le candidat républicain s'est rendu coupable ou non de falsifications de documents comptables dans l'affaire Stormy Daniels, ses avocats ont demandé au jury de l'acquitter "vite fait, bien fait".

"Ce n'est pas un référendum sur vos idées à propos de Donald Trump (...), ce n'est pas un référendum sur celui pour lequel vous pensez voter en 2024", a lancé, au bout de trois heures de plaidoirie, l'avocat du candidat des républicains à la présidentielle, Todd Blanche, au tribunal de New York.

Face aux douze jurés qui l'écoutaient depuis près de trois heures, l'avocat Todd Blanche a demandé qu'on s'en tienne "aux preuves, et si vous vous en tenez à ça, c'est un verdict de non-culpabilité vite fait bien fait".

"Il n'y avait pas d'intention de frauder"

Ses avocats ont assuré qu'il était "innocent" et qu'il n'avait "commis aucun crime" voulant lui épargner une condamnation aux conséquences incalculables en pleine campagne présidentielle. Il est accusé d'avoir effectué 34 falsifications de documents comptables pour cacher un paiement de 130.000 dollars à l'actrice de films X Stormy Daniels, afin d'éviter un scandale sexuel à la toute fin de sa campagne présidentielle de 2016.

Mais pour son principal avocat, Todd Blanche, "il n'y avait pas d'intention de frauder et aucun complot pour influencer l'élection de 2016".

"C'est un verdict de non culpabilité, pur et simple", a-t-il insisté.

À son arrivée au tribunal de Manhattan, Donald Trump a quant à lui mis en garde contre un "jour dangereux pour l'Amérique", en se présentant une nouvelle fois comme une victime de poursuites politiques.

"C'est Michael Cohen qui a produit les factures"

La défense a notamment eu une ultime occasion de torpiller la crédibilité de l'accusateur numéro un, l'ex-homme de confiance de Donald Trump, Michael Cohen, devenu son ennemi juré.

"C'est le plus grand menteur de tous les temps", a assuré Todd Blanche, c'est "l'incarnation du doute raisonnable".

Michael Cohen avait versé l'argent, sur ordre de son patron selon lui, à Stormy Daniels, pour acheter son silence sur une relation sexuelle qu'elle affirme avoir eue en 2006 avec le milliardaire, alors qu'il était déjà marié avec son épouse Melania.

Un épisode nié par Donald Trump, sur lequel l'actrice est longuement revenue durant un témoignage choc devant les jurés, évoquant une relation consentie mais où le "rapport de force" était "déséquilibré".

"Tout a démarré par une extorsion et cela s'est très bien terminé pour Mlle Daniels", a cinglé au contraire l'avocat de l'ancien président.

Une fois Donald Trump élu et à la Maison Blanche, Michael Cohen s'était fait rembourser à l'aide, selon l'accusation, de fausses factures et d'entrées maquillées en "frais juridiques" dans les comptes de son groupe d'entreprises, la Trump Organization, d'où les poursuites pour falsifications comptables.

"C'est Michael Cohen qui a produit les factures", a martelé Todd Blanche. Donald Trump, alors "chef du monde libre", avait d'autres chats à fouetter que de regarder les chèques dans le détail, selon lui. "C'est absurde que l'accusation veuille vous faire croire qu'il a examiné les chèques et les factures", a-t-il insisté.

Un jury qui doit voter la culpabilité à l'unanimité

La défense n'a besoin de convaincre qu'un seul juré de ne pas condamner Donald Trump, car tout verdict de culpabilité ou d'acquittement exige l'unanimité du jury. Si les jurés ne parviennent pas à se mettre d'accord, le procès sera annulé et à refaire.

Les procureurs, qui doivent prendre la parole après la défense, vont marteler qu'à travers ce paiement caché, qu'ils assimilent à une dépense de campagne dissimulée, Donald Trump a "corrompu" l'élection de 2016. L'accusation prévoit que son réquisitoire durera plus de 4 heures.

Le juge Juan Merchan confiera ensuite aux jurés, peut-être dès mercredi, la lourde tâche de décider s'ils reconnaissent l'ancien chef d'Etat américain coupable ou non coupable.

S'il est jugé coupable, le candidat des républicains à la présidentielle, âgé de 77 ans, pourra faire appel et, dans tous les cas, se présenter le 5 novembre. Mais avec le poids considérable d'une condamnation pénale, alors que son duel avec Joe Biden, 81 ans, s'annonce serré.

L'enjeu est d'autant plus important que ce procès sera probablement le seul à avoir lieu avant la présidentielle, parmi les quatre affaires dans lesquelles Donald Trump est inculpé, notamment celle, d'une ampleur beaucoup plus importante, sur ses tentatives présumées illégales de renverser les résultats du scrutin présidentiel de 2020.

Article original publié sur BFMTV.com