"Le virus de l'intolérance", la chronique d'Anne Roumanoff

Au début, on ne prit pas le virus de l'intolérance au sérieux. C'était un virus saisonnier sans gravité qui allait disparaître de lui-même. La République était solide, elle en avait vu d'autres, elle avait de bonnes défenses immunitaires et plein d'anticorps. Il ne fallait pas s'inquiéter. Pas besoin de chercher un remède de cheval pour lutter contre le virus de l'intolérance, un peu de médecine douce et de pédagogie suffiraient.

On allait débattre avec les intolérants, leur expliquer qu'ils se trompaient, organiser des discussions pacifiques, les écouter, chercher à les comprendre, parfois même les excuser. De l'empathie, un peu d'homéopathie, une tisane calmante aux plantes, des bons sentiments viendraient forcément à bout de ce virus bénin. En plus, on était au pays de la liberté d'expression, donc les intolérants avaient le droit, comme les autres, de s'exprimer. C'était écrit dans l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 : "La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi."

Lire aussi - "Vivre avec le coronavirus", la chronique d'Anne Roumanoff

Il fallait donc être tolérant avec ceux qui étaient atteints d'intolérance, sinon nous deviendrions nous-mêmes intolérants, et cette simple pensée nous était absolument intolérable. En 2012, quand des enfants fur...


Lire la suite sur LeJDD