Des virus à l’origine du parfum des roses

Il y a des millions d’années, des virus s’attaquent à un églantier sauvage, ancêtre des roses actuelles, et bouleversent ses gènes. Une étude française a montré que c’est la forte duplication d’un gène, au fil des générations, qui a accentué la production de géraniol à l’origine de l’odeur des roses.

Emblématique parmi les fleurs, le parfum de la rose est apprécié par beaucoup de personnes à travers le monde. Mais cette fragrance aurait bien pu ne jamais exister : elle est le fruit de l’attaque d’un virus, suivi d’une succession de hasards qui ont réorganisé les gènes de certaines Rosacées il y a des millions d’années, et conduit à cette capacité des pétales à exhaler leur odeur si caractéristique. C’est la conclusion d’une étude menée par l’université de Saint-Etienne, publiée le 12 janvier 2022 dans .

"Nous travaillons sur les roses depuis 20 ans et en 2015, nous avions publié une étude sur le gène à l’origine du géraniol chez les roses, une des molécules responsables de leur odeur. C’est quelque chose qui intéresse beaucoup les parfumeurs", précise Jean-Claude Caissard, enseignant-chercheur au laboratoire de biotechnologies végétales appliquées aux plantes aromatiques et médicinales (LBVpam) de l’université de Saint-Etienne, pour Sciences et Avenir. "Cette découverte initiale était sur des roses de jardin, nous nous sommes donc demandés si ce parfum était une conséquence d’une sélection par l’Homme, ou s’il était déjà une caractéristique des roses sauvages - c’est-à-dire des églantiers, avant leur domestication."

Un gène plein de ressources

Ce fameux gène à l’origine de la production de géraniol est baptisé NUDX1. Présent chez de nombreux êtres vivants, il n’existe normalement qu’en une seule copie. Mais chez les premières Rosacées, ce gène s’est dupliqué par erreur en trois exemplaires sur un même chromosome au cours d’une multiplication cellulaire. "Plusieurs plantes produisent du géraniol, comme le basilic ou la citronnelle, mais il est alors fabriqué grâce à des terpènes synthases, poursuit Jean-Claude Caissard. Nous avons remarqué que ce n’est pas le cas des roses, qui produisent le géraniol grâce à une hydrolase de type nudix, une enzyme codée par le gène NUDX1."

Chez les mammifères, les bactéries ou encore les autres plantes, le gène NUDX1 n’assure pa[...]

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