Virginie Rosselot, victime d’une usurpation d’identité : “J’ai pensé au suicide à plusieurs reprises”

Victime d’une usurpation d’identité en 2017, Virginie Rosselot vit depuis un véritable calvaire. Sa carte d’identité, qu’elle a perdue, a été interceptée par des malfaiteurs qui ont contracté un prêt immobilier en son nom. Pour Yahoo, la jeune femme de 38 ans a accepté de raconter son histoire, revenant notamment sur sa lente descente aux enfers.

La perte d’une carte d’identité est toujours assez tracassant car les démarches administratives sont bien souvent longues et ennuyeuses pour la refaire faire. Mais cette attente est loin d’être la pire des complications. Celles et ceux qui ont perdu ce précieux papier administratif peuvent également être victimes d’une usurpation d'identité, un délit qui consiste pour un malfaiteur à prendre volontairement l'identité d'une autre personne dans le but de réaliser des actions frauduleuses. Virginie Rosselot en a malheureusement fait les frais.

Victime d’un réseau d’escrocs, qui a acheté en 2016 un immeuble à Pantin (Seine-Saint-Denis) en usurpant son identité, cette secrétaire médicale de 38 ans vit depuis dans une grande précarité. Poursuivie par le fisc, qui saisit la majeure partie de son salaire, la trentenaire n’est même plus en capacité de se loger.

Pour elle, le cauchemar commence début 2017, année où elle commence à recevoir des courriers suspects. Le premier provient de la Banque Palatine et mentionne un prêt immobilier. Au total, 300 000 euros lui sont réclamés. À son grand désarroi, les lettres s’accumulent et l’une d’elles la laisse sans voix. L’immeuble mentionné dans les précédents courriers a pris feu, provoquant sans grande surprise de nombreux dégâts matériels. Par conséquent, la ville de Pantin, qui a avancé les frais, lui réclame le financement des travaux mais aussi celui du relogement des locataires, des impôts, des taxes d’habitation et des taxes foncières.

Virginie tombe des nues. Elle, qui est dépendante de Pôle emploi avec un salaire de 1000 euros maximum, n’aurait jamais pu faire un tel prêt, “c’était techniquement impossible”, rappelle-t-elle. Constamment traquée, elle finit par partir en Normandie où elle trouve un contrat fixe. Son but : fuir ce calvaire et changer de vie. Seulement voilà : juste avant de signer son CDI, les impôts lui tombent dessus et lui font une saisie sur salaire. “J’ai failli ne pas le signer”, explique-t-elle tout en confiant avoir voulu en finir à plusieurs reprises. “Je pense que si je n’avais pas le CDI, je ne serais plus là”.

Une épreuve qui l’impacte à tous les niveaux, physiquement et psychologiquement. “Je me sens fatiguée. Il y a eu des soirs où je dormais très peu et des moments où je ne mangeais quasiment pas”. Pire encore, Virginie n’a pas de toit sur la tête et n’a pas d’autres choix que de dormir dans sa voiture. “Je me retrouve dehors avec un CDI car je n’ai pas la possibilité de prendre un logement”. Et lorsque la chance finit enfin par lui sourire un peu, la chute n’est que plus grande. “Une personne m’avait proposé son adresse postale pour que je puisse recevoir mon courrier et un huissier a fini par se déplacer chez elle”. Un enfer dont elle ne voit pas le bout.

Entre-temps, Virginie tombe enceinte et se voit contrainte d’avorter. “Qu’est-ce que je pouvais apporter à cet enfant si moi-même je n’étais pas capable de dormir ni de me nourrir ?”, s’interroge-t-elle tout en expliquant avoir eu de grands regrets. “Ça a été la pire décision que j’ai pu prendre”.

VIDÉO - Virginie Rosselot, victime d’une usurpation d’identité : “Mes sept ans de galère, ça ne se rembourse pas”

Désormais, Virginie compte sur la justice pour condamner les malfaiteurs, actuellement en attente de procès. “Les personnes de ce réseau ont été identifiées”, explique-t-elle évoquant un notaire et deux personnes travaillant à la banque Palatine. Mais ce qui la surprend davantage, c’est que la personne à l’origine de son usurpation d’identité, avec qui elle se retrouve contre son gré copropriétaire, avait procuration sur sa signature et sur tout ce qui la concernait.

Aujourd’hui, Virginie attend l’audience lors de laquelle elle leur fera face. “À la base, c’était au mois de mars mais ça a été décalé. Elle aura donc lieu entre novembre et décembre”, précise-t-elle tout en expliquant ses attentes. “Ce que j’attends, c’est que l’on accepte le fait que je sois victime. Je tiens à être remboursée des sommes que j’ai pu reverser au fisc. Je demande aussi des dommages et intérêts”, confie-t-elle tout en restant réaliste sur la situation. “Mes sept ans de galère, ça ne se rembourse pas. Les années que j’ai perdues de vie, les moments de solitude dans ma voiture, tout ça n’a pas de prix tout simplement”. Son avortement lui a également laissé une trace indélébile. “J'arrive à la quarantaine et aujourd’hui, je ne suis même pas sûre de pouvoir techniquement avoir un enfant”, regrette-t-elle.

Comme elle le déplore, Virginie n’a trouvé aucun soutien après des pouvoirs publics et ne s’est jamais sentie entendue. “J’ai l’impression que pour les bons citoyens, les gens corrects, rien n’est fait”. Pour elle, l’État n’a pas été à la hauteur de ses attentes. “À quoi ça sert de faire une déclaration de perte et de vol ? À quoi ça sert de faire des plaintes et des mains courantes si au final rien n’est fait”, s’interroge-t-elle. “L’État ne nous écoute pas alors qu’en fin de compte, c’est l’État qui vous permet de faire ce type de document”. Fatiguée psychologiquement, Virginie dit attendre avec impatience de voir en face à face, “droit dans les yeux”, les personnes coupables de sa descente aux enfers. “Que justice soit faite”, conclut-elle.