Violents combats dans la province de Lattaquié en Syrie

Tir de mortier par des rebelles dans les montagnes du Djabal al Akrad, dans la province de Lattaquié. De violents combats ont opposé jeudi des islamistes à des unités de l'armée syrienne dans cette province, non loin du foyer ancestral du clan Assad. /Photo prise le 29 avril 2015/REUTERS/Khalil Ashawi

AMMAN/ BEYROUTH (Reuters) - De violents combats ont opposé dans la nuit de jeudi à vendredi des islamistes à des unités de l'armée syrienne dans la province de Lattaquié, non loin du foyer ancestral du clan Assad, ont annoncé des militaires et des rebelles. Les insurgés gagnent du terrain depuis plusieurs semaines dans le nord-ouest de la Syrie. Des avions de combat ont pilonné des positions des insurgés et fait "des dizaines de tués et de blessés" dans le nord de la province de Lattaquié, rapporte, de source militaire, l'agence de presse syrienne Sana. Lattaquié est le principal port de Syrie. Avec la capitale Damas, c'est l'un des grands secteurs encore tenus par le gouvernement du président syrien Bachar al Assad. Ces violences font suite aux avancées du groupe Ahrar al Cham et du Front al Nosra, la branche syrienne d'Al Qaïda, et de leurs alliés, dans la province voisine d'Idlib. Les combats à Lattaquié, explique Rami Abdulrahman, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), ont commencé jeudi par une offensive de l'armée, appuyée par des milices locales, visant à repousser les insurgés hors de la province dans le but d'avancer vers les zones prises d'Idlib. Selon Rami Abdulrahman, l'armée syrienne veut sécuriser la vallée et les sommets pour avancer sur Djisr al Choughour, ville de la province d'Idlib prise par les insurgés il y a deux semaines. L'OSDH, qui collecte de Londres des informations sur le terrain grâce à un important réseau d'informateurs, fait état de cinq insurgés au moins tués ainsi qu'un nombre indéterminé de combattants côté gouvernement. Selon deux sources proches des rebelles, les combats de jeudi ont eu lieu près des montagnes du Djabal al Akrad, près de certains des plus hauts sommets de Syrie, dont le Nabi Younis, qui dominent des villages alaouites, et près de Kardaha, ville d'où est originaire la famille Assad. "La conquête des sommets signifierait que les villages alaouites seraient dans notre ligne de tir", a déclaré via Skype, un chef rebelle du groupe Ahrar al Cham, basé à Idlib. Les régions côtières de Syrie et la ville de Lattaquié sont les bastions de la minorité alaouite, branche du chiisme à laquelle appartient le clan Assad. En août 2013, des islamistes épaulés par des combattants étrangers avaient déjà réussi à prendre brièvement des villages à population alaouite. Vendredi, la télévision syrienne a indiqué que des unités de l'armée avait visé des "groupes de terroristes" dans l'est et le sud de la campagne d'Idlib et "éliminé un grand nombre d'entre eux et détruit leurs armes et leurs munitions." Les insurgés, dit-on dans les milieux diplomatiques, cherchent à éprouver sur le plus grand nombre de fronts possibles une armée syrienne déjà débordée. (Souleiman al Khalidi à Amman et Sylvia Westall à Beyrouth; Eric Faye et Danielle Rouquié pour le service français)