Violences sexuelles : le gouvernement belge appelle l'Église catholique à "reconnaître sa culpabilité"

Le Premier ministre belge Alexander De Croo a appelé jeudi l'Église catholique à "reconnaître sa culpabilité" après la diffusion d'un documentaire choc à la télévision flamande.

Il demande une parole forte. Le Premier ministre belge Alexander De Croo a appelé jeudi l'Église catholique à "reconnaître sa culpabilité" pour les nombreux cas d'abus sexuels commis par des ecclésiastiques qui ont été niés par l'institution et n'ont pu trouver d'aboutissement judiciaire.

Le dirigeant libéral flamand était interrogé devant la Chambre des députés sur l'onde de choc provoquée en Flandre, le nord néerlandophone de la Belgique, par la diffusion d'un documentaire de la VRT (la chaîne publique flamande) faisant témoigner plusieurs victimes d'abus sexuels qui se sont heurtées à l'omerta de l'Église.

Ces victimes, qui acceptent de témoigner parfois des décennies après les faits, sont également dans une impasse sur le plan judiciaire car ces viols ou agressions sexuelles sont très souvent prescrits ou les auteurs décédés.

"Une responsabilité morale d'agir"

Mais si la justice ne peut plus répondre aux victimes, il y a aussi "la bonne réponse morale à donner", a expliqué le Premier ministre Alexander De Croo en appelant l'Église à "assumer sa responsabilité".

"Celui qui est responsable de cette injustice doit assumer cette responsabilité. Il faut une reconnaissance de culpabilité pour que cela ne puisse jamais se reproduire", a-t-il déclaré après un feu nourri de questions des députés. "Il y a une responsabilité morale d'agir".

Alexander De Croo, qui a rencontré jeudi l'évêque d'Anvers Johan Bonny - le référent de l'épiscopat belge sur la question des abus -, a assuré que ce dernier lui avait promis son "entière collaboration".

Dans la presse belge, Mgr Bonny a admis que les évêques belges, par le passé, "n'ont pas prêté aux victimes l'attention nécessaire". Il a cité notamment le cardinal Godfried Danneels, ancien primat de Belgique (1979-2010) décédé en 2019, qui n'a eu "ni les bonnes attitudes ni les bonnes intuitions pour écouter" la parole des victimes.

Un ancien évêque mis en cause

Mgr Danneels avait été éclaboussé en 2010 par le scandale de l'abus sur mineur visant l'ancien évêque de Bruges Roger Vangheluwe, contraint à la démission par le Vatican, mais qui n'a jamais été jugé.

Jeudi, Alexander De Croo a insisté sur le sentiment de "honte" et d'"impuissance" des victimes, souvent abusées pendant l'enfance ou l'adolescence, car "souvent l'Église, à tous les niveaux, a tout fait pour ne pas (les) écouter".

Une commission d'enquête pourrait être mise sur pied par le Parlement belge pour réfléchir aux moyens de rendre justice aux victimes des années après les faits. "Cela serait un signal fort", a dit le Premier ministre. La commission Justice de la Chambre doit en débattre la semaine prochaine.

Article original publié sur BFMTV.com

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