Violences gynécologiques: le point du mari dénoncé dans cette illustration

VIOLENCES OBSTRETICALES - Depuis 2014 et le hashtag #PayeTonUtérus, les témoignages de violences gynécologiques et obstétricales affluent sur les réseaux sociaux. Et la parole continue depuis de se libérer.

Ce dessin d’Alison Dos Santos, illustratrice sous le nom de La Grande Lizon, est le témoignage de l’une de ces violences, le “point du mari”. Publié ce 22 novembre, son post Instagram a été “liké” par plus de 8000 personnes et commenté par des centaines. “La moitié des 500 commentaires que j’ai ne connaissaient pas cette pratique. Malheureusement, beaucoup de femmes ont subi le ‘point du mari’, même encore en 2021″, raconte-t-elle au HuffPost.

Dans son post, Alison Dos Santos explique que, lors de son premier accouchement il y dix ans, le gynécologue a dû procéder à une épisiotomie. Cette dernière est une opération chirurgicale consistant à faire une incision de 2,5 cm à 5 cm dans le bas du vagin pour agrandir l’ouverture et faciliter le passage de la tête du bébé. “Il a fallu me recoudre, le gynécologue me fait des points. La péridurale ne faisait plus trop effet et je sentais le fil passer... horrible et douloureux”, écrit Alison Dos Santos. Souhaitant sensibiliser et prévenir les femmes à ce sujet, l’illustratrice a réalisé que certaines ont compris avoir elles aussi subi le “point du mari” en découvrant son illustration.

C’est quoi le “point du mari”?

Ce geste, qualifié par l’illustratrice de “mutilation”, consiste à recoudre l’épisiotomie par des points de suture supplémentaires qui sont supposés accroître le plaisir de l’homme lors des rapports sexuels. Lors de cette intervention, le gynécologue d’Alison Dos Santos lui lance: “On va faire ça bien pour monsieur”. Cette phrase, que l’illustratrice n’a pas comprise au début, restera marquée dans son esprit. Elle raconte que “c’est des années plus tard, à travers une émission” qu’elle découvre le “point du mari”. “J’ai été choquée, car j’avais toujours cette phrase du gynécologue lorsqu’il m’a fait les points, mais sans comprendre le sens. Les pièces du puzzle se sont rassemblées et j’ai eu beaucoup de colère, c’est une mutilation tout simplement”, exprime-t-elle auprès du HuffPost.

En 2014, Le Monde interrogeait Chantal Ducroux-Schouwey, présidente du collectif associatif autour de la naissance (Ciane) sur cette pratique.“On a récolté de très nombreux témoignages qui montrent que c’est quelque chose d’extrêmement mal vécu par les femmes, parfois comme un viol, (…), c’est quand même une cicatrice qu’elle va porter toute sa vie”. Pour Alison Dos Santos, la prise de conscience s’est faite en regardant cette émission. “J’ai eu beaucoup de colère. J’ai mis du temps à mettre en dessin mon expérience et de surtout à la partager, car on touche à la sphère de l’intime”.

Connue pour ses illustrations humoristiques de la vie d’une maman, elle est satisfaite d’avoir partagé son expérience. “Si cela permet d’en parler et de prévenir pour éviter cette pratique, ce sera un grand pas. Il y a tellement à dire sur les actes de maltraitances gynécologiques (verbales et physiques), malheureusement”, conclut-elle.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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