Violences contre les policiers: Bertrand veut des peines automatiques, Dupond-Moretti fustige une "logique de la rafle"

Le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand le 19 février 2019 à Valenciennes - PHILIPPE HUGUEN © 2019 AFP
Le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand le 19 février 2019 à Valenciennes - PHILIPPE HUGUEN © 2019 AFP

À un an de la présidentielle, le débat politique prend un tour sécuritaire. Après une interview d'Emmanuel Macron au Figaro consacrée à ce thème lundi, Xavier Bertrand s'est emparé du sujet ce mardi.

Invité d'Europe 1 dans la matinée, le président ex-Les Républicains (LR) de la région Hauts-de-France, candidat déclaré à la magistrature suprême, a déclaré vouloir, s'il était élu, faire voter "un texte constitutionnel" en consultant les Français, qui entraînerait "une peine de prison automatique, minimum d'un an, non-aménageable", en cas d'agression d'un policier, gendarme, pompier ou maire.

"On ne s'en prend pas à ceux qui nous protègent", a poursuivi l'élu, citant en exemple le verdict rendu samedi en appel dans l'affaire de la violente agression de policiers à Viry-Châtillon, en Essonne, en 2016.

Dans la nuit de samedi à dimanche, la cour d'assises des mineurs de Paris a condamné cinq jeunes à des peines allant de six à 18 ans de prison. Huit autres ont été acquittés. Ces treize individus étaient accusés d'avoir fait partie de la vingtaine de personnes cagoulées qui avaient attaqué à l'aide de cocktails Molotov deux voitures de police.

Ce verdict suscite depuis des remous au sein de la police. Des rassemblements se sont tenus ce mardi, à l'appel de syndicats policiers, notamment devant le palais de justice de l'île de la Cité à Paris.

Passe d'armes

"À partir du moment où vous avez une peine de prison automatique minimum, il ne peut pas y avoir d'acquittement, même s'il y a l'individualisation des peines, l'individualisation ne pourra se faire qu'au-delà de cette peine de un an", a défendu Xavier Bertrand ce mardi.

Dans la foulée, le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a vivement réagi sur Twitter à cette sortie. "Monsieur Bertrand propose donc une modification de la Constitution pour envoyer en prison automatiquement toute personne interpellée sans preuve, ni procès. Aucun policier, aucun magistrat n'acceptera de substituer le principe de la Justice à la logique de la rafle", a écrit l'ancien pénaliste.

Bertrand défend son propos

Dans l'après-midi, Xavier Bertrand est revenu sur sa proposition formulée le matin sur son compte Facebook, répliquant à Éric Dupond-Moretti, qui a selon lui "feint de ne pas (le) comprendre".

"Il m'a accusé de vouloir emprisonner des personnes sans preuve ni procès. Il a même osé comparer à une rafle cette mesure de protection de nos forces de l'ordre", poursuit-il. "La peine automatique minimale, c'est simplement la garantie que lorsque l'intéressé est jugé coupable, et si et seulement si le procès conclut à sa culpabilité, il est condamné à une peine de prison minimale, sans sursis, sans aménagement de peine possible", défend-il également.

Sur Twitter, l'ex-LR a directement répondu au ministre de la Justice: "Je lui laisse l'indignité de comparer cette mesure de protection de nos forces de l'ordre à une 'rafle'".

Article original publié sur BFMTV.com