Violences conjugales : "Combien de temps les enfants vont souffrir en silence?"

Des mères victimes de violences conjugales témoignent que leurs enfants ne sont pas assez protégés par les institutions. Réflexion croisée avec des professionnels de la loi, de la politique, et de la protection de l'enfance sur les enseignements du Grenelle des violences faites aux femmes.

« Un homme violent n’est pas un bon père ». Ces mots du Premier ministre, prononcés à l’ouverture du Grenelle des violences faites aux femmes, ont annoncé un changement de paradigme dans la protection des victimes. Ils signent la fin de situations très choquantes où les auteurs de féminicides conservent, depuis leur geôle, des droits sur leurs enfants. A titre d’exemple, les enfants de Julie Douib, assassinée au mois de mars en Corse, n’ont pas pu être suivis psychologiquement, tant que leur père incarcéré, qui s’y opposait, avait l’autorité parentale.

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Je ne veux plus voir cet homme revenir dans nos vies

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A n’en pas douter, ces mots du Premier ministre résonnent dans l’enceinte de la cour d’assises de Nanterre, où un homme comparaît depuis lundi, pour tentative d’homicide volontaire sur son ex-compagne. Laura, 31 ans, a probablement échappé au pire, dans la nuit du 16 au 17 avril 2018. Frappée et étranglée sous les yeux de sa fille de 2 ans et demi, c’est l’intervention de ses voisins qui a stoppé l’assaut du père. « Je ne veux plus voir cet homme revenir dans nos vies », nous confiait-elle, la boule au ventre, la veille du procès. Inquiète du délibéré qui sera rendu jeudi, cette mère espère ne pas être déçue par la condamnation du père et souhaite que leur fille, traumatisée par quatre années de violences conjugales, soit « reconnue comme une victime à part entière », et durablement protégée. « J’espère que mon ex-compagnon perdra l’exercice de l’autorité parentale jusqu’aux 18 ans de notre fille. Je ne peux pas concevoir que son père revienne un jour sonner à notre porte, et qu’il exerce ses droits sur notre enfant. C’est comme si j’avais une épée de Damoclès au-dessus de la tête… », confie-t-elle, très(...)


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