Vincent Dumestre, la tête chercheuse de la musique ancienne
Un jour, à Venise, le chef d'orchestre Vincent Dumestre, fondateur du Poème harmonique (un ensemble qui vient de fêter ses 25 ans), a connu « un moment épiphanique ». « J'étais à la bibliothèque Marciana, place Saint-Marc. Sur votre gauche quand vous tournez le dos à la lagune, indique-t-il. C'est d'abord un choc sensoriel : on passe de l'odeur de la lagune à une odeur de cuir et de papier ancien… On passe aussi de la foule des touristes aux chercheurs. Et c'est là, par hasard, en cherchant sans avoir un but, juste pour passer du temps avec la musique, que j'ai découvert un opéra totalement oublié de Giovanni Maria Pagliardi, Caligula (1672). En lisant la partition dans la bibliothèque, j'ai aussitôt perçu la beauté de l'œuvre, le regard qui était porté sur l'empereur et sa folie perçue comme une capacité créatrice, une forme de talent artistique… Quelle émotion ! »
Pareille découverte – le spectacle qui en a découlé est disponible en DVD (Outhere Music) – ne serait guère possible pour un spécialiste du romantisme ou de la musique dodécaphonique. En musique ancienne en revanche… « Tout est ouvert. La musique inconnue, oubliée existe en abondance, s'enthousiasme Vincent Dumestre. Le champ est immense. Nous sommes les apôtres de 800 ans de musique ! » On parle en effet de musique ancienne pour les compositions datant du Moyen Âge, de la Renaissance et de la période baroque…
À la découverte d'instruments oubliés
À ce foisonnement s'ajoute une multiplicité de gen [...] Lire la suite