«Villa Crimée», côté cour

Alternant réalité et fiction, Célia Houdart décrit un chantier et imagine la vie d’un voisinage dans un immeuble parisien récemment réhabilité.

Faire d’un immeuble un roman, cela n’a rien d’inédit. Emile Zola avec Pot-Bouille, Michel Butor avec Passage de Milan et Georges Perec avec la Vie mode d’emploi ont épuisé la description d’une adresse parisienne, du rez-de-chaussée aux combles. Le livre de Célia Houdart, Villa Crimée, est bien sûr différent, ça saute aux yeux : il est tout petit. En outre, il alterne fiction et réalité. C’est une évocation bien réelle, dans la mesure où ce texte s’appuie sur un ensemble de bâtiments sis au 168, rue de Crimée, dans le XIXe arrondissement de Paris. Il est même écrit à l’initiative de l’architecte Sarah Bitter, de l’agence Metek, qui a réhabilité les lieux en «trente et un logements sociaux dont sept ateliers d’artistes, autour d’une cour pavée».

Eclat. La cour «dessine comme une allée ou une petite rue», assurant une circulation en retrait de la ville. Il y a des escaliers en zigzag. La lumière se reflète sur «un toit-manteau de cuivre gold». A l’auteure, Didier Glais, «le couvreur meilleur ouvrier de France qui a conçu et posé le bardage des bâtiments» apprend à regarder l’éclat et la densité du métal utilisé. Il lui «montre, à l’endroit d’une cassure du cuivre gold, une ligne de bris. Et tout le long d’une arête, la fine épaisseur d’une bande de cuivre qui, si elle avait été trop épaisse, aurait gâché l’effet de simple trait, sans surcharge.»

Dans son livre précédent, Tout un monde lointain, Célia Houdart avait travaillé à partir de la villa E-1027, la maison d’Eileen Gray sur la Riviera. Son imagination phosphore aussi rue de Crimée. Ici, les histoires racontées ne sont que vraisemblables. Le jeune homme qui se passionne pour les plantes, le voisin vidéaste qui s’intéresse à lui, la dame qui apprend l’italien en écoutant des airs d’opéra, les enfants qui font du roller, les adolescents qui jouent en ligne : ce sont des (...)

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