VIH: où en est la recherche de vaccin, 40 ans après la découverte du virus?

VIH: où en est la recherche de vaccin, 40 ans après la découverte du virus?

Pourquoi un vaccin contre le Covid-19 a pu être commercialisé en moins d'un an, mais toujours rien contre le VIH? La faute à la forte capacité de mutation du virus et et à ses innombrables sous-variants.

"Le VIH est un rétrovirus, c'est-à-dire que le virus va s'intégrer dans les cellules et va faire partie de l'organisme, le rendant très difficile à éliminer", commence par expliquer à BFMTV.com Olivier Schwartz, responsable de l'unité Virus et immunité à l'Institut Pasteur.

Les anticorps ont alors plus de difficulté à se fixer sur le virus et à empêcher sa multiplication. Avec ses nombreux "sous-types, le virus continue à muter à bas bruit et à évoluer", poursuit-il.

Là où pour le coronavirus, les vaccins n’empêchent pas l’infection mais les formes graves de maladie, pour le Sida on veut un vaccin qui protège justement de l’infection, détaille Oliver Schwartz.

C'est ainsi l'objectif que poursuivent les recherches du vaccin. "Depuis quatre décennies, les essais ont été nombreux", mais s'il n'y a "clairement pas de produit sur le point d’être sur le marché, il y a de nouvelles stratégies", rapporte le chercheur.

Des pistes à l'oeuvre

"Parmi les candidats-vaccins allés jusqu'à la phase 3 des essais cliniques (dernière phase de test avant l'éventuelle mise sur le marché d'un produit), il y avait l'essai en Thaïlande qui avait montré une protection d'environ 30%", mais n'avait aucun impact sur le développement de la maladie chez les personnes vaccinées infectées.

En France, l’Institut de recherche vaccinale (VRI), qui regroupe l'ANRS, l'Inserm et l'Université Paris-Est Créteil (UPEC), mène des recherches visant à accélérer le développement de vaccins efficaces.

Un essai vaccinal de phase 1 contre l’infection par le VIH a été lancé en février 2021, coordonné par le Professeur Yves Lévy. Ce vaccin repose sur une technologie innovante: l’utilisation d’anticorps monoclonaux conçus pour cibler spécifiquement des cellules du système immunitaire appelées "cellules dendritiques".

C’est la première fois qu’un vaccin cible directement ces cellules, dont le rôle est important dans l’activation du système immunitaire.

Cette induction de "super-anticorps" chez la personne par un vaccin vise à la protéger de l'infection et "c'est l'espoir principal", juge Victor Appay, immunologiste et directeur de recherche à l'Inserm auprès de nos confrères de l'AFP. "Beaucoup de recherche est faite pour générer des anticorps à large spectre, qui vont cibler le plus grand nombre de souches du VIH", ajoute-t-il.

Des traitements existent

Aujourd'hui, il n'existe pas de moyen d'éliminer l'infection une fois le VIH contracté, "mais une personne traitée ne propage plus le virus", faisant du diagnostic "la première étape de prévention", souligne Olivier Schwartz.

Mis au point dans les années 1990, le traitement antirétroviral (TARV), qui se prend quotidiennement et à vie, empêche le virus de se répliquer dans l'organisme.

Le traitement antirétroviral permet au système immunitaire de la personne infectée de se renforcer, permettant ainsi de combattre d’autres infections.

"Si on est infecté par le VIH, en l’absence de traitement on, developpe un sida, une maladie mortelle qui associée à un état cachectique (maigreur, ndlr) et des infections opportunistes. Le système immuntaire n’est plus fonctionnel pour protéger contre tout type d’infection ou de cancer", explique à BFMTV.com Olivier Schwartz.

Le traitement permet alors au malade de réduire la quantité de virus dans son organisme, "ce qui met fin aux symptômes et permet aux personnes touchées de vivre une vie pleine et saine", selon l'Organisation mondiale de la santé.

"L'objectif de l’OMS est 'zéro nouvelle infection' d'ici 2030... Cela semble irréaliste mais cela donne une direction ambitieuse de santé publique, en particulier pour les pays du Sud où la maladie fait encore des ravages", conclut Olivier Schwartz.

>> Où faire un test de dépistage du VIH/Sida?

Article original publié sur BFMTV.com