La plus vieille carte connue d'un territoire en Europe ?

Cette dalle de schiste découverte dans un tumulus en Bretagne pourrait bien être la plus ancienne représentation cartographique connue, gravée il y a près de 4000 ans. Une équipe d'archéologues tente d'en percer les secrets.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°924, daté février 2024.

L'histoire de la dalle de Saint-Bélec, dont des fouilles viennent de révéler de nouveaux fragments, pourrait sans aucun doute inspirer un roman d'aventures. Avant tout, parce qu'elle est un objet à part : elle pourrait bien être la plus vieille carte connue d'un territoire en Europe, gravée probablement à l'âge du bronze ancien, il y a près de 4000 ans, sur une imposante dalle de schiste de plus de 2 mètres de longueur et de 1,50 mètre de largeur.

Ensuite, parce qu'après sa découverte en 1900 dans un tumulus situé près de Leuhan (Finistère), au nord-est de Quimper, par le préhistorien Paul du Chatellier, elle se volatilisa durant une bonne partie du 20e siècle. Ou peut-être devrait-on plutôt dire qu'elle tomba dans l'oubli. Aussi, lorsque Yvan Pailler, professeur d'archéologie à l'Université de Bretagne occidentale, et Clément Nicolas, chargé de recherche en archéologie au CNRS, tous deux spécialistes de la protohistoire, se décidèrent en 2011 à remettre la main dessus pour l'étudier, ils furent contraints de se lancer dans une véritable enquête.

"Nous savions grâce à des archives que Paul du Chatellier avait organisé son transport dans son manoir de Kernuz, à Pont-l'Abbé, avant que son fils, après sa mort, ne la vende avec l'ensemble de sa collection au musée d'Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye, explique Clément Nicolas. Mais lorsqu'en 2011, nous avons demandé à la voir pour l'étudier, on nous a répondu qu'elle était introuvable et qu'elle ne figurait donc pas dans les réserves. " Après avoir interrogé, en vain, la totalité des archives et musées départementaux, les deux archéologues sont de plus en plus convaincus que la dalle de Saint-Bélec se trouve bien dans un recoin du musée.

"Clément s'est acharné à suivre cette piste et a eu raison de le faire, raconte Yvan Pailler. En 2014, nous avons découvert qu'un archéologue qui s'intéressait à une autre dalle de [...]

Lire la suite sur sciencesetavenir.fr

A lire aussi