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"Notre vie est brisée" : deux ans après la mort leur fils en cours de sport, ils attendent des réponses

Le collège François Mugnier à Bons-en-Chablais - Google Maps
Le collège François Mugnier à Bons-en-Chablais - Google Maps

"On est seuls." Deux ans après la mort de leur enfant dans son collège, Mélanie Jacques et Xavier Ledoux se disent sans réponse et "complètement abandonnés par l'Éducation nationale et la justice", dans les colonnes du Parisien ce lundi, quelques semaines après le même cri d'alerte lancé auprès de l'hebdomadaire Le Messager.

"Nous ne savons toujours pas comment ce drame a pu arriver. On a aucune réponse à nos questions. (...) On souffre tous les jours. Baptiste nous manque énormément. Notre vie est brisée", résument-ils auprès du Parisien.

Le 1er décembre 2020, le jeune Baptiste, qui allait avoir 13 ans, est mort des suites d'un malaise cardiaque survenu lors d'un cours de sport dans son collège de Bons-en-Chablais, en Haute-Savoie.

Le collégien, scolarisé en 5e dans l'établissement François-Mugnier, bénéficiait pourtant d'une dispense de cours d'éducation physique et avait un certificat médical établi par un cardiologue stipulant qu'il ne devait pas courir, car souffrant d'un problème cardiaque.

Une hypertrophie du myocarde

"J’ai reçu un appel du collège. Je me suis tout de suite rendue sur place et j’ai découvert, sur le terrain de foot, Baptiste allongé par terre. Il avait les lèvres violettes, les yeux grands ouverts. J’ai tout de suite compris que mon fils était déjà parti", se souvient Mélanie auprès du quotidien national.

Au professeur, elle se rappelle avoir fait part de ses interrogations: "Qu’est-ce qui s’est passé? Mon fils était dispensé, il n’avait pas le droit de courir." L’enseignant lui aurait alors répondu: "Je l’ai fait courir progressivement…"

Baptiste, transporté en hélicoptère à l'hôpital de Genève, décédera le jour d'après, malgré une opération.

Il souffrait d'une hypertrophie du myocarde, détectée dès ses trois ans. "Le muscle situé entre les deux ventricules du cœur était trop gros par rapport à la normale. En cas d’effort prolongé, il y avait un risque d’arrêt cardiaque", explique sa mère. Au collège, proviseur et professeurs d'EPS étaient au courant du problème cardiaque de l'adolescent. Le certificat médical avait été fourni par les parents. Et sur Pronote, un logiciel de gestion de vie scolaire, il était inscrit en rouge dans les cases de cours d'EPS le mot "Dispensé", selon Mélanie.

"Que les personnes qui ont commis des fautes soient punies"

À l'époque, le parquet de Thonon-les-Bains avait ouvert "une information judiciaire du chef d'homicide involontaire par la violation manifestement délibérée d'une obligation particulière de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou les règlements". Le professeur d'EPS avait été mis en examen pour homicide involontaire.

Plusieurs dizaines de personnes s'étaient rassemblées au stade de Bons-en-Chablais pour lui rendre un dernier hommage, le 12 décembre 2020. Un lâcher de ballons avait eu lieu, des avions de l'aérodrome d'Annemasse avaient survolé le stade et la chanson Je Vole, reprise par Louane, avait résonné.

Ses deux parents, aujourd'hui séparés, réclament que la justice "recherche toutes les responsabilités et que les personnes qui ont commis des fautes soient punies". Après sa mise en examen, le professeur a été reclassé à un poste administratif, indiquent-ils. Mélanie souhaiterait également changer le règlement de l'Éducation nationale, qui oblige un élève dispensé à quand même assister aux séances de sport.

"Physiquement c’est dur pour eux. Mais psychologiquement aussi, car ils se sentent mis à l’écart par rapport à leurs camarades", affirme la mère, qui conclut vouloir "continuer à [se] battre pour rendre justice à [son] fils".

Article original publié sur BFMTV.com