La viande de synthèse, fausse bonne alternative écologique ?

Un technicien présente une viande de poulet cultivée en laboratoire au sein de la startup alimentaire SuperMeat, en Israël (Photo by JACK GUEZ / AFP) (Photo by JACK GUEZ/AFP via Getty Images)
Un technicien présente une viande de poulet cultivée en laboratoire au sein de la startup alimentaire SuperMeat, en Israël (Photo by JACK GUEZ / AFP) (Photo by JACK GUEZ/AFP via Getty Images)

Une étude pointe du doigt l'impact carbone de la viande de synthèse, pourtant présentée comme une alternative écologique à la viande.

La viande de synthèse n'est peut être pas la meilleure alternative à la consommation de viande. Face à l'urgence climatique, les experts appellent à réduire la consommation de viande, alors que l’élevage est responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre, et source de souffrance animale.

Une situation appelée à s'aggraver alors que les études prédisent une hausse de la consommation d'alimentation carnée de 50% d'ici 2050 à l'échelle mondiale.

Présenté comme une solution d'avenir

Pour tenter de réduire la consommation de viande, la viande de synthèse, dont le principe est de cultiver des cellules musculaires qui se multiplient dans un incubateur, s'est développée depuis 2013 à grand renforts de millions, avec un premier steak de 140g qui a coûté 250 000 euros.

La viande de synthèse est à peine commercialisée, à Singapour seulement, mais qui suscite beaucoup d'espoir, au point d'être présenté comme une des solutions d'avenir aux problèmes d'émission de gaz à effet de serre d'origine animale et de difficultés à nourrir une population mondiale sans cesse croissante.

Un impact en carbone important

Sauf que l'impact en carbone pour créer cette viande de synthèse ne serait pas neutre, à en croire les résultats d'une étude américaine, menée par des chercheurs de l'Université de Californie et publiée dans dans la revue New Scientist.

Côté positif, les chercheurs reconnaissent que la viande de synthèse répond aux problèmes des besoins en terre, en eau et en antibiotiques de l'élevage bovin, qui peuvent être particulièrement problématiques en période de sécheresse notamment.

En cause, le mode de fabrication

Mais les chercheurs relèvent surtout que la méthode actuelle de fabrication de la viande de synthèse repose sur des mélanges de nutriments de qualité pharmaceutique, "qui sont purifiés à un niveau beaucoup plus élevé" que ceux de l'industrie.

Or, le recours à processus de purification si important, qui consiste à éliminer des toxines libérées par les bactéries, "contribue de manière significative aux coûts économiques et environnementaux associés aux produits pharmaceutiques", écrivent les auteurs.

De 4 à 25 fois plus néfaste que le boeuf ?

Leur inquiétude, soulignent-ils, c'est que les rapports sur lesquels les milliards d'investissements consentis dans ces programmes ont modélisé l'impact sur le climat des viandes à bases de cellules animales à l'aide de technologies qui n'existent pas ou qui ont peu de chances de fonctionner.

Toujours selon les auteurs de l'étude, si les technologies n'évoluent pas et que le développement de cette viande de synthèse se poursuit avec le processus de purification actuel, les auteurs de l'étude estime que chaque kilo de viande de synthèse ainsi fabriquée produira de 246 à 1508 kilos de CO2. Soit une production, si elle s'étend avec les mêmes modes de production qui pourrait être "entre quatre et vingt-cinq fois" plus néfaste pour la planète que celle d'un bœuf en chair et en os.

Outre la solution d'une évolution technologique, que les auteurs de l'étude n'estiment pas ou peu crédible, ils proposent la mise au point de lignées cellulaires qui supportent un niveau plus élevé de toxine, afin de réduire le processus de purification, dont l'impact environnemental est important. Au-delà de la viande de synthèse, il existe d'autres solutions, notamment les alternatives végétales.

VIDÉO - Camille Etienne : "Macron ? Factuellement, il a lamentablement échoué. Il a pris une décision impardonnable"