VI Nations: des Bleues du rugby à sept débarquent avec le XV de France

"Elles sont arrivées en toute discrétion à Marcoussis, et pourtant les projecteurs risquent bien d’être braqués sur elles à Cardiff, dimanche lors de la 4e journée des VI Nations (16h15). Joanna Grisez, Anne-Cécile Ciofani et Chloé Jacquet ont disputé le tournoi de Hong Kong, sixième étape du World Sevens Series, début avril. Après avoir chuté (5-19) en demi-finale contre les Etats-Unis et en petite finale (21-24) face aux Australiennes, les joueuses de David Courteix ont terminé au pied du podium.

Mais pas de temps pour la résignation! Ces trois joueuses-là ont déjà remis le pied à l’étrier, depuis une semaine avec le XV de France pour la fin du Tournoi des VI Nations. Arrivées jeudi 11 avril à Marcoussis, les septistes ont eu quelques jours pour se régénérer et n’étaient logiquement pas dans le groupe pour l’Italie (victoire des Bleues 38-15) dimanche dernier. Mais dès ce lundi, elles ont repris normalement avec quelques exercices en prime, en fin d’entraînement, pour raccrocher les wagons du XV.

Ciofani et Grisez titulaires sur les ailes au pays de Galles, Jacquet au centre

"Ça se passe hyper bien, je suis hyper contente d'être là et de retrouver le groupe dans une nouvelle dynamique et avec un autre plan de jeu", confie Joanna Grisez (5 sélections avec le XV de France) qui était à la Coupe du monde 2022 en Nouvelle-Zélande où elle avait d’ailleurs signé un triplé en quart de finale face à l’Italie.

Mais cette saison, elle s’est pleinement engagée avec les Bleues du sept et ne cache pas son étonnement quand elle a été appelée avec le XV. "On était un peu surprises quand on l’a appris. Après, ça reste du rugby. C’est une petite parenthèse de deux à trois semaines. C'est challengeant! Ça nous permet aussi de jouer en France avec du monde, ce dont on n'a pas l'habitude. Et je pense que c'est une bonne préparation pour Paris! Et puis ce que l’on apprend ici n'est pas incompatible avec ce que l’on vit à sept."

Charlotte Escudero: "On est équipées avec nos avions à réaction"

Joanna Grisez va vite retrouver la saveur du rugby à XV puisqu’elle sera titulaire au pays de Galles. La néo-Bordelaise sera installée à l’aile droite (n°14) alors que sa coéquipière à sept Anne-Cécile Ciofani débutera sur l’aile gauche (n°11) à l’Arms Park de Cardiff. Anne-Cécile Ciofani qui signera au passage sa première sélection avec les quinzistes tricolores! Tout va très vite pour la joueuse du Stade Français qui vit son tout premier rassemblement avec le XV de France. Chloé Jacquet (16 sélections à XV), elle, débutera la rencontre au poste de second centre aux côtés de Gabrielle Vernier.

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Alors que l’ailière Marine Ménager et la trois-quarts centre Nassira Kondé sont sorties sur commotion contre l’Italie et ne sont pas dans le groupe ce week-end, l’apport des septistes sera précieux. "On avait déjà des ailières rapides", rappelle la deuxième ligne Charlotte Escudero. "Mais c'est vrai que ça impressionne quand on voit les essais que les filles peuvent marquer à sept. On se dit que ça va envoyer du game! On va envoyer les ballons aux ailes parce qu’on a de quoi faire, on est bien équipées avec nos avions à réaction (rires)."

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Nos septistes tricolores ont justement le profil qui colle au projet de jeu des co-sélectionneurs Gaëlle Mignot et David Ortiz. "Derrière, ça va très vite", confirme Joanne Grisez. "Fut un temps, on demandait aux ailières de rester côté fermé. Aujourd’hui, et plus encore dans ce projet de jeu, les ailières peuvent dézoner partout, c’est très libre, on peut s’insérer partout, essayer d’apporter un petit truc en plus, la petite passe, le positionnement qui va créer l’intervalle. Il y a énormément de possibilités derrière, beaucoup d’énergie à apporter. C’est hyper intéressant!"

Romane Ménager: "Dans le jeu, c’est très rapide et pourtant elles restent sereines"

Mais ont-elles eu le temps d’intégrer le projet de jeu du XV de France? "Ce sont de grosses travailleuses, elles intégreront rapidement toutes les notions de notre plan de jeu”, assure la demie de mêlée Alexandra Chambon. Romane Ménager souligne, elle, l’atout que représentent les Bleues du sept sur le terrain. "Elles vont beaucoup apporter sur le plan physique. Elles ont de grosses qualités athlétiques."

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La troisième ligne montpelliéraine y voit aussi un levier psychologique. "On a beaucoup parlé de l'aspect mental avec elles. Tout va tellement vite à sept qu’il y a besoin d’avoir du sang-froid. En 80 minutes, on traverse plein de phases différentes, mais sur 14 minutes c’est à la mort!" De la sérénité, voilà donc ce que peuvent diffuser les septistes, assure Romane Ménager. "Elles ont beaucoup de tournois dans la saison avec beaucoup de matchs concentrés dans un weekend. Elles doivent basculer mentalement et se préparer très rapidement. Dans le jeu, c’est très rapide et pourtant elles restent sereines."

Le sang-froid des septistes: un atout précieux avant l’Angleterre

Garder la tête froide, surtout quand la pression va monter d’un cran. C’est ce qui arrivera si les Françaises s’imposent face aux Galloises ce dimanche. Elles devraient alors disputer la "finale" du Tournoi des VI Nations contre les Anglaises, également invaincues, samedi 27 avril au stade Chaban-Delmas de Bordeaux. "Elles ont l’expérience du haut niveau, des grosses compétitions", souligne la troisième ligne toulousaine Gaëlle Hermet. "Les filles du sept sont à même de préparer ce type d’événements et d’accompagner notre groupe, de gérer ces moments-là." L’ex-capitaine tricolore souligne aussi les qualités techniques propres au rugby à sept. "Elles nous apportent leur qualité d’appuis, de lecture, de vitesse, dans les duels. Et puis aussi cette exigence du rugby à sept. Ça fait du bien au groupe." Charlotte Escudero abonde: "Elles ont une capacité à enchaîner les tâches. A sept, il faut être tout le temps debout, tout le temps active. Au XV, il y a beaucoup de contacts et on est plus lentes dans nos déplacements. Les septistes, elles, s’attendent à tout, tout le temps. Ça nous éveille et nous pousse à faire plus!"

Article original publié sur RMC Sport