"On veut les inciter à parler": Dupond-Moretti prépare une grande loi sur les repentis du trafic de drogue

De nouvelles promesses au lendemain d'une journée qui fera date. Mardi 19 mars, Éric Dupond-Moretti était en déplacement à Marseille aux côtés d'Emmanuel Macron et Gérald Darmanin, où l’exécutif a fait part de son abnégation dans la lutte dans le trafic de drogue qui gangrène la cité phocéenne depuis des années.

Sur BFMTV-RMC ce mercredi, le garde des Sceaux a été interrogé sur la situation de Frédéric, un Marseillais de 60 ans qui vit dans une cité du nord de la ville, contacté par des trafiquants pour devenir "nourrice", comprendre garder la drogue chez lui sans attirer l'attention de la police.

Pour cela, celui qui touche actuellement une pension d'invalidité de 508 euros mensuels s'est vu proposer entre 200 et 300 euros quotidiens, soit une rente de près de 6000 euros, dit-il à nos confrères de RMC.

"On se tait parce qu'on a peur"

Éric Dupond-Moretti l'assure, à la place de Stéphane, il "appellerait les services de police." Selon le ministre, l'exécutif veut désormais pousser les participants à ce trafic à parler, voire à se dénoncer entre eux.

"Nous voulons inciter ceux qui entrent dans ce trafic, qui ne sont pas mouillés jusqu’au cou, on veut les inciter à parler. La grande difficulté judiciaire, c’est un mot sicilien, c’est l’omerta. On se tait, on se tait parce qu’on a peur et parce qu’il y a de vraies menaces", a détaillé le garde des Sceaux, qui a précisé que le gouvernement prépare "une grande loi sur les repentis."

"On interpelle des gros bonnets, mais il faut inciter les gens à dénoncer et dire les choses. Pour ça, il faut qu’ils soient protégés quand ils le font. Ça, c’est une des clés de la réussite pour lutter contre les gros bonnets qui tiennent le trafic à Marseille", a martelé Éric Dupond-Moretti.

Faire évoluer le statut du repenti

Ce concept de repenti n'est pas nouveau dans la législation française. Ce statut a été mis en place en 2014, et concerne "les personnes qui, ayant participé à des activités criminelles, acceptent de coopérer avec les autorités judiciaires ou policières et obtiennent différents avantages en échange de leur collaboration", selon une note de synthèse du Sénat sur le sujet.

Le principe était acquis depuis la loi dite Perben II, datée du 9 mars 2004, mais a été mis en application dix ans plus tard, par le décret du 17 mars 2014, soit plusieurs années après.

Lors d'une prise de parole à l'Assemblée nationale en mai dernier, Éric Dupond-Moretti avait déjà promis un nouveau texte sur la question d'ici la fin 2023.

Article original publié sur BFMTV.com