«Quand on veut changer, on n’a droit à rien»

Delphine 41 ans, fonctionnaire territoriale dans le Sud-Ouest

Elle y pense depuis quelques années : monter une «guinguette», avec de bons petits plats préparés en cuisine pour des clients venus en famille passer du bon temps dans un «lieu où les gens se sentiraient bien». Elle imagine aussi un coin bibliothèque pour les gosses, une petite scène pour des concerts, un espace expositions… Mais sauter dans le vide professionnel à 41 ans avec deux ados et un mari lui-même en reconversion professionnelle, Delphine (1) n’y est pas prête sans parachute.

«Quand j’ai commencé à regarder ce qui était possible pour moi, je me suis rendue compte des limites : pas de financement pour un plan de formation, peu d’aides, aucune indemnité chômage», liste cette responsable des services techniques d’une communauté de communes du Sud-Ouest. Elle ajoute : «Certes, en tant que fonctionnaire, on a la sécurité de l’emploi, mais quand on veut changer, on n’a droit à rien.» Elle n’a jamais entendu parler de la possibilité, depuis 2008, pour les fonctionnaires démissionnaires de bénéficier d’une indemnité de départ volontaire.

Voilà seize ans que Delphine occupe son poste. Salaire net : 2 200 euros par mois. Au gré des vagues de décentralisation successives, elle dit devoir «assumer trois postes» aujourd’hui : «Avec la décentralisation, l’Etat se décharge de plus en plus sur les communautés de communes sans moyens humains derrière. On sature.» Alors quand elle a lu que le gouvernement allait proposer un «plan de départ volontaire» dans la fonction publique, «ça a été une soupape, un soulagement de me dire que j’allais peut-être pouvoir réaliser un projet et partir d’un endroit où, pour moi, on ne construit plus le service public tel que je l’imaginais».

Delphine a toujours la possibilité de prendre une disponibilité pour tenter l’expérience de sa guinguette et retrouver son poste en cas d’échec mais, explique-t-elle, «quand on crée son entreprise, on a besoin de plusieurs années avant de savoir (...)

Lire la suite sur Liberation.fr

«Je ne laisserai pas le travail me pourrir la vie»
«Je ne pourrais plus faire ce en quoi je ne crois plus»
Ces agents sans espoir, candidats au départ
«Le fonctionnariat, ça n’a jamais été une fin en soi»
«Je ne laisserai pas le travail me pourrir la vie»