“On veut éteindre ces médias” : en Guinée, la junte ferme les chaînes privées

“Rassurez-vous. On a suffisamment de souffle pour tenir aussi longtemps que les ennemis de la presse sont là contre nous.” Tels sont les propos tenus samedi 25 mai par le représentant du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée, cité par l’hebdomadaire satirique Le Lynx. Après l’annonce des retraits des agréments et des fréquences des principales radios et télévisions privées du pays, le syndicat envisage la possibilité d’une grève générale aux côtés de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée.

Trois jours plus tôt, le 22 mai, les autorités guinéennes ont franchi une nouvelle étape dans le bâillonnement des médias : “Des cadres de l’Autorité de régulation des postes et télécommunication et un huissier ont débarqué dans les locaux de Djoma média, Fim FM, Espace Fm pour les sommer de couper toute diffusion de leurs antennes”, résume Le Lynx.

“Signal brouillé”

“Une décision radicale qui est tombée comme un coup de massue sur la presse guinéenne”, commentait alors le site d’information Le Djely. “Là, on ne parle plus de musellement mais on veut éteindre ces médias-là”, abondait dans ses colonnes Sékou Keïta, rédacteur en chef du groupe Djoma médias. Tout en revenant sur l’acharnement du régime de Mamady Doumbouya, arrivé au pouvoir à la faveur d’un putsch le 5 septembre 2021, contre la liberté de la presse.

Tout a commencé il y a environ un an, avec des restrictions d’Internet doublées de la coupure de l’accès au site d’info Guinée Matin. Puis, en novembre 2023, le signal de nombreuses radios a été brouillé. En décembre, les principales télévisions privées du bouquet étaient retirées du bouquet Canal Plus.

Le ministre de l’Information et de la Communication a motivé ce nouveau coup de boutoir par une formule lapidaire : le “non-respect du contenu des cahiers des charges”. Puis, le 24 mai, le porte-parole du gouvernement a indiqué que les médias qui se sont vu retirer leur agrément avaient commis des “dérapages” et violé “l’obligation de respect de la dignité de la personne humaine et les exigences de l’unité nationale et de l’ordre public”.

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