Veto russo-chinois à un projet de résolution de l'Onu sur Alep

La Russie et la Chine ont opposé lundi leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'Onu exigeant une trêve de sept jours à Alep et l'arrêt des combats dans l'ensemble de la Syrie. /Photo d'archives/REUTERS/Eduardo Munoz

par Michelle Nichols NATIONS UNIES (Reuters) - La Russie et la Chine ont opposé lundi leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'Onu exigeant une trêve de sept jours à Alep et l'arrêt des combats dans l'ensemble de la Syrie. Moscou a fait valoir qu'une cessation des hostilités permettrait aux rebelles de se regrouper, alors que les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés semblent sur le point de reprendre le contrôle de la totalité des quartiers d'Alep-Est. "Les combattants ont déjà utilisé ce genre de pauses pour reconstituer leurs munitions et renforcer leurs positions, et cela ne ferait qu'aggraver les souffrances des civils", a déclaré le représentant permanent de la Russie à l'Onu, Vitali Tchourkine. C'est la sixième fois que la Russie, principal allié du président syrien Bachar al Assad avec l'Iran, oppose son veto à une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu sur la Syrie depuis 2011. La Chine a utilisé pour sa part à cinq reprises son droit de veto. Le projet de résolution avait été rédigé par l'Egypte, l'Espagne et la Nouvelle-Zélande. Onze des 15 membres du Conseil de sécurité l'ont soutenu, tandis que le Venezuela a voté contre et que l'Angola s'est abstenue. A Paris, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a dit déplorer le veto. "Je déplore que, du fait de l'obstruction de la Russie, le Conseil de sécurité des Nations unies ne soit toujours pas en mesure d'assumer ses responsabilités à l'égard des populations civiles en Syrie, qui font face à la folie destructrice du régime de Bachar al Assad, comme des groupes terroristes, à commencer par Daech", a-t-il dit dans un communiqué. "Comme je l'ai déjà indiqué à plusieurs reprises, la France ne se résignera pas. Elle reste pleinement mobilisée, avec ses partenaires, pour arrêter le martyre d'Alep. C'est dans cet esprit que j'accueillerai, samedi 10 décembre à Paris, une réunion ministérielle des pays affinitaires", a-t-il indiqué par ailleurs, en estimant qu'il "est urgent de créer les conditions pour une reprise des négociations en vue d'une transition politique". LONDRES SURPRIS PAR LE VETO DE PEKIN Les Nations unies évaluent à plus de 200.000 le nombre de personnes qui seraient toujours prises au piège par les combats dans les quartiers tenus par les rebelles à Alep-Est, qui vivent à l'heure des pénuries de vivres et de fournitures médicales. La Russie a déclaré lundi qu'elle entamerait cette semaine des discussions avec Washington sur un retrait des insurgés d'Alep, où les forces syriennes ont sensiblement progressé ces jours-ci dans la partie orientale au détriment des rebelles. Vitali Tchourkine a estimé de ce fait que toute action au Conseil de sécurité devait être remise à plus tard pour permettre les discussions russo-américaines. "C'est un alibi fabriqué de toutes pièces", a réagi la numéro deux de la représentation permanente américaine aux Nations unies, Michele Sison. "Nous n'avons pas pu avancer parce que la Russie est plus occupée à préserver ses gains militaires qu'à aider les habitants d'Alep", a-t-elle dit devant la Conseil de sécurité. "Nous ne permettrons pas que Moscou fasse marcher le Conseil de sécurité pendant que nous attendons des Russes un compromis qui semble ne jamais venir". L'ambassadeur de Grande-Bretagne à l'Onu, Matthew Rycroft, s'est dit surpris de voir la Chine s'associer à la Russie en opposant son veto au projet de résolution. L'ambassadeur de Chine à l'Onu, Liu Jieyi, a dit que la mise aux voix du projet de résolution aurait dû être remise à plus tard, pour permettre davantage de consultations et peut-être un consensus sur un texte. Il a reproché à Matthew Rycroft d'"empoisonner" l'atmosphère au Conseil de sécurité. Quant à Gerard van Bohemen, ambassadeur de Nouvelle-Zélande, l'un des pays qui ont rédigé le texte, il a jugé que l'incapacité du Conseil de sécurité à agir était "fort dommageable à sa réputation et catastrophique pour la population syrienne". (avec John Irish à Paris; Tangi Salaün et Eric Faye pour le service français)