Le veto de la Hongrie sur l'aide à l'Ukraine irrite l’Union européenne

L’UE intensifie sa pression sur la Hongrie. À la veille du sommet, jeudi, les 26 partenaires cherchent à convaincre Budapest d'approuver une aide de 50 milliards d'euros pour l'Ukraine.

Lors du dernier Conseil européen, au mois de décembre, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a fait usage de son veto à ce projet. Mais plusieurs Etats membres perdent désormais patience face à l'opposition systématique de la Hongrie.

"Nous n'avons jamais vu un tel isolement d'un nouvel État membre face à d'autres États membres de l'UE. Et il semble que ce soit un test pour l'Union européenne sur sa capacité à gérer ses désaccords internes", constate Péter Krekó, directeur de Political Capital.

Les institutions européennes et les capitales s'activent pour trouver des solutions. Les Etats membres envisagent des alternatives pour aider financièrement Kyiv sans avoir recours au budget de l'Union, le cœur de l’opposition hongroise.

Certains pays suggèrent aussi de priver la Hongrie de son droit de vote à travers l'accélération de l'article 7 du traité sur l'Union européenne, la procédure de ce dispositif de sanction est déjà lancée contre Budapest à cause des atteintes portées à l'Etat de droit.

"Nous verrons si les dirigeants auront assez de patience pour négocier avec Viktor Orbán ou s'ils emprunteront cette nouvelle voie en utilisant l'article 7. Mais ce n'est qu'une spéculation", explique la vice-présidente de la Commission européenne, Vera Jourová.

La Hongrie semble envoyer des signaux positifs et serait prête à un accord en échange d'un contrôle annuel de l'aide à l'Ukraine. Mais le compromis ne satisferait pas les 26 partenaires. Budapest demande aussi des concessions à propos des 20 milliards d'euros de fonds de l'UE destinés à la Hongrie, actuellement gelés.

"Orban a toujours une sorte de logique transactionnelle, ce qui signifie que s'il reçoit de bonnes offres il peut abandonner son veto et son approche de refus dans le processus de prise de décision", précise Péter Krekó.

Mais "le problème à long terme semble être que le système juridique et le système politique de la Hongrie ne sont pas adaptés aux structures institutionnelles et aux valeurs de l'Union européenne", ajoute-t-il.

L'Ukraine a besoin de l'aide européenne pour poursuivre la guerre provoquée par l'invasion russe. Cette enveloppe de l'UE est d'autant plus nécessaire que le soutien américain pour Kyiv est lui bloqué au Congrès.