Veto des États-Unis contre l’adhésion de la Palestine à l’ONU en pleine guerre à Gaza

Plus proche allié d’Israël, Washington s’est opposé sans surprise à l’intégration des Palestiniens dans l’organisation internationale.

INTERNATIONAL - Sans surprise. Les États-Unis ont mis fin ce jeudi 18 avril à l’infime espoir d’adhésion pleine et entière des Palestiniens à l’ONU, mettant leur veto au Conseil de sécurité à une revendication fustigée par leur allié israélien, en pleine guerre à Gaza.

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L’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a fustigé le veto américain y voyant une « agression flagrante » qui pousse le Moyen-Orient « au bord du gouffre ». Ce veto « révèle les contradictions de la politique américaine, qui prétend, d’une part, soutenir la solution à deux États (une Palestine indépendante aux côtés d’Israël, ndlr), mais de l’autre empêche la mise en œuvre de cette solution » à l’ONU, a-t-il ajouté.

Depuis plusieurs semaines, les Palestiniens, qui ont depuis 2012 le statut inférieur de « d’État non membre observateur », ainsi que les pays arabes imploraient le Conseil d’accepter qu’un « État palestinien » déjà reconnu par la majorité des capitales prenne sa place « légitime » au sein des Nations unies.

« Accorder à la Palestine une adhésion pleine et entière aux Nations unies allégerait une partie de l’injustice historique subie par des générations de Palestiniens », a encore plaidé devant le Conseil Ziad Abu Amr, haut responsable de l’Autorité palestinienne.

Les États-Unis continuent de soutenir Israël

Mais en vain. Les États-Unis, qui ont tout fait pour retarder le vote, n’ont pas hésité à recourir à leur droit de veto qu’ils utilisent régulièrement pour protéger leur allié israélien.

Le projet de résolution présentée par l’Algérie qui « recommande à l’Assemblée générale que l’État de Palestine soit admis comme membre des Nations unies », a recueilli 12 votes pour, 1 contre et 2 abstentions (Royaume-Uni et Suisse).

« Un échec à agir serait une erreur grave et impardonnable. Ne pas se réveiller aujourd’hui serait permettre la poursuite de l’injustice et de l’impunité, une honte éternelle », a lancé juste avant le vote l’ambassadeur algérien Amar Bendjama.

Mais l’admission d’un État à l’ONU doit recevoir une recommandation positive du Conseil (au moins 9 voix sur 15 en faveur, sans veto d’un membre permanent), puis être approuvée par l’Assemblée générale, à la majorité des deux-tiers.

La requête palestinienne jugée « immorale » par Israël

Les États-Unis n’ont cessé de répéter ces dernières semaines que leur position « n’a pas changé » depuis 2011, lorsque la demande d’adhésion présentée par le président de l’Autorité palestinienne avait tourné court face à l’opposition américaine, avant même d’atteindre l’étape du Conseil.

Ils estiment que l’ONU n’est pas le lieu pour la reconnaissance d’un État palestinien, qui devrait selon eux être issu d’un accord entre Israël et les Palestiniens. Ils soulignent aussi que la législation américaine leur imposerait de couper leur financement à l’ONU en cas d’une adhésion palestinienne en dehors d’un tel accord bilatéral.

Le dernier veto à l’adhésion d’un État à l’ONU date de 1976, quand les Américains avaient bloqué l’entrée du Vietnam.

Les Israéliens dénonçaient également avec virulence l’initiative palestinienne, fustigeant le simple fait que le Conseil examine la requête palestinienne que leur ambassadeur à l’ONU Gilad Erdan a jugée « immorale ». « Un État pacifique, quelle blague ! », a-t-il lancé, en référence à la Charte de l’ONU qui stipule qu’une des conditions d’adhésion est d’être un État « pacifique ».

Le gouvernement israélien s’oppose à la solution à deux États, défendue par une grande majorité de la communauté internationale, dont les États-Unis. Et la majorité des 193 États membres de l’ONU (137 selon le décompte de l’Autorité palestinienne) reconnaissent de manière unilatérale un État Palestinien.

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