Les vestiges du Débarquement en Normandie menacés par la montée des eaux

Érosion, submersion : 80 ans après le D-Day, les plages du Débarquement et leurs vestiges sont menacés par la montée des eaux liée au changement climatique, obligeant à repenser l'avenir de ces sites de mémoire.

Sur plus de 100 km, de Ouistreham (Calvados) à Ravenoville (Manche), le littoral normand est jonché de vestiges du 6 juin 1944, bunkers du mur de l'Atlantique, épaves et pièces de collection font vivre une région et revivre aux touristes ce moment d'histoire. Mais la mer d’où est venue la libération menace aujourd'hui son patrimoine historique : falaises et dunes sont soumises à l'érosion, marais, vallées et polders à la submersion.

Erosion et risque de submersion

Tout à l'ouest, les plages "américaines" de Utah et Omaha, plus sauvages, "subissent à la fois l'érosion et le risque de submersion", indique Régis Leymarie, délégué adjoint au conservatoire du littoral en Normandie.

Sur le secteur britannique, "c'est également le cas" pour Gold.

Sur Juno et Sword en revanche, "le front de mer est cadenassé de Courseulles à Ouistreham par des ouvrages du 20e siècle" (des digues et enrochements, ndlr), seule la submersion y posera problème.

Et ça va arriver vite.

Vue aérienne de la plage Juno, l'une des cinq plages du Débarquement du 6 juin 1944, le 7 avril 2024 à Bernières-sur-Mer, dans le Calvados (AFP - Lou BENOIST)
Vue aérienne de la plage Juno, l'une des cinq plages du Débarquement du 6 juin 1944, le 7 avril 2024 à Bernières-sur-Mer, dans le Calvados (AFP - Lou BENOIST)

Les sites du D-Day "n'ont déjà plus rien à voir avec ce qu'ont connu les soldats alliés le 6 juin 1944", explique le géographe. "On est en train de passer de lieux historiques à lieux d'interprétation de l'histoire".

Sur les zones basses comme les marais de Gold Beach, à Ver-sur-mer, "le milieu va se transformer dans une dizaine d'années, par phénomène de percolation".

L'eau de mer passe par le sable sous les digues ou les enrochements, pour remonter derrière et inonder les zones gagnées par l'homme sur la mer aux 18e et 19e siècles.

Le regard perdu vers la Manche, Charles de Vallavieille, maire de Sainte-Marie-du-Mont et directeur du musée Utah Beach se souvient : "j'ai vu des vétérans saluer la mer en pleurant, Utah c'est la plage, c'est l'émotion de la plage".

"On arrive à la fin"

Devant le musée fondé par son propre père en 1962 sur la dune, à quelques [...]

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