Version officielle sur les étudiants disparus au Mexique réfutée

MEXICO CITY (Reuters) - La version officielle des autorités mexicaines relative au massacre vraisemblable de 43 étudiants intervenu l'an dernier ne tient pas la route, ont déclaré dimanche des experts internationaux, citant notamment de graves défaillances dans l'enquête menée par le gouvernement. Commandité par la Commission interaméricaine des droits de l'homme et élaboré par des enquêteurs venus du Chili, de Colombie, du Guatemala et d'Espagne, le rapport des experts remet en cause l'affirmation principale du gouvernement mexicain, à savoir que les étudiants ont été incinérés dans une décharge. "Ceci n'a jamais eu lieu", a dit à des journalistes Carlos Beristain, l'un des enquêteurs, citant des preuves rapportées de Cocula, la ville où les corps des étudiants sont censés avoir été réduits en cendres. "Il faudrait réorienter l'enquête à partir de ces faits." Les 43 étudiants ont disparu le 26 septembre 2014 à Iguala dans l'Etat de Guerrero après une manifestation qui a donné lieu à des affrontements avec les forces de l'ordre. L'incapacité des autorités à trouver les auteurs des crimes, voire à convaincre les Mexicains qu'elles menaient une enquête rigoureuse a entamé la réputation du président du pays Enrique Pena Nieto. L'affaire, qui avait suscité d'importantes manifestations au Mexique et la réprobation de la communauté internationale, illustre les liens qui existeraient presque partout au Mexique entre le crime organisé et la classe politique. Des proches des étudiants enlevés, brandissant des pancartes avec des photos de ces derniers, ont crié : "C'était l'Etat", à mesure que les enquêteurs indépendants annonçaient le résultats de leurs travaux. Arely Gomez, la procureure générale du pays, a dit lors d'une conférence de presse qu'elle ordonnerait une nouvelle enquête pour déterminer si les étudiants ont bien été incinérés dans la décharge, ajoutant que le gouvernement prolongerait le séjour des enquêteurs indépendants afin qu'ils puissent poursuivre leur travail. Sur Twitter, Enrique Pena Nieto a remercié la Commission interaméricaine des droits de l'homme pour son rapport, soulignant que le gouvernement en analyserait les conclusions afin des les intégrer dans son enquête. (Lizbeth Diaz, Benoît Van Overstraeten pour le service français)